© George Condo

Les Expos de l'été III : George Condo

par L'Art à Genève
19 juillet 2018

Les drôles de gueules de George Condo. Au Musée d’art cycladique, Athènes

Le musée athénien dédié à l’art cycladique (de 3 200 à 2 000 avant notre ère) aime la confrontation. Ses expositions temporaires d’art contemporain proposent de prolonger ce qui était déjà à l’œuvre dans l’art cycladique : l’exploration esthétique de la figure humaine, autrement dit, l’art du portrait. Cet été, le musée a ouvert ses portes à l’artiste américain George Condo, dont c’est la première exposition de cette envergure organisée en Grèce.

Le trait est vif, expressif. Le pinceau de George Combo est impatient. Il capte dans l’immédiateté l’humeur et  l’intention de l’artiste. La figure humaine est inépuisable. Elle ne cesse de se réinventer depuis l’aube de l’humanité. Les toiles du peintre new-yorkais né en 1957 ne cesse d’explorer le portrait sur lequel se lit le monde et sa diversité. Ses personnages laissent éclater les contradictions de l’époque.

19/19 George Condo, Paper Faces, 1997, acrylic, oil and paper on canvas © George Condo, 2018. Courtesy of the artist and Skarstedt, New York

Des visages rigolards, d’autres moqueurs, et aussi, des boudeurs et renfrognés. La forme peut être cubique, cartoonesque, surréaliste. On entre de plain pied dans son univers parce qu’il fait écho en partie à l’enfance, qu’il s’offre toujours avec générosité. Pour autant, chaque portrait est une histoire singulière qui raconte à sa manière une réalité plus complexe et ambiguë. 

Les références à l’histoire de l’art, à la philosophie, à la littérature sont nombreuses, de l’art de la Grèce à la période classique au siècle d’or hollandais. Sont aussi convoqués Francisco Goya, Diego Velasquez et Pablo Picasso dans ces figures aussi tragiques que comiques. 

S’arrêtant devant certains portraits, le visiteur pourra interroger sa propre définition de l’esthétisme, de son pouvoir d’empathie et de ce qu’il dit du temps et de l’espace. Car en art, pas de date de péremption mais une immanence du vécu. Devant certains stéréotypes, George Condo interpelle directement les mythes de la modernité. Du banquier à la classe moyenne, la critique peut être acide. 

George Condo The Bulgarian Banker 2010 Bronze © George Condo, 2018. Courtesy of the artist and Skarstedt, New York

En contemplant ces portraits qui font face, il est probable qu’après un moment, ce soit ces derniers qui regardent le visiteur interpellé par ses propres visions. Le portrait a en effet ceci d’extraordinaire qu’il raconte aussi bien l’univers mental de celui qui lui a donné de vie que celui qui l’interroge du regard. 

George Condo, Musée d’art cycladique, jusqu’au 14 octobre 2018. 

The Stathatos Mansion,Vasilissis Sofias ave. & 1, Irodotou street, Athènes.

https://cycladic.gr