Tomás Saraceno

par Nafsika Guerry-Karamaounas
6 décembre 2018

On Air, « repenser poétiquement notre manière d’être au monde » Tomás Saraceno - Dernières semaines - Palais de Tokyo ! 

La traditionnelle carte blanche du mois de septembre du Palais de Tokyo a été attribuée cette année à Tomás Saraceno. 

Prendre possession des 13’000m2 des espaces d’exposition du lieu est à ce jour son plus grand projet. Ses recherches s’articulent autour des frontières de l’architecture, de la science et des arts.

Artiste et architecte de formation, l’artiste entraine le visiteur dans ce qui pourrait être une balade onirique. Comme dans un songe, il attire le regard sur des formes de la nature souvent relayées au second plan. Il concentre son travail sur l’infiniment petit, ou sur l’infiniment grand, sur la méticulosité  humaine ou non. En somme, il réussit à faire coexister dans un bain poétique et ce de façon collective :  humanité, nature et science. Il pose la question du possible tout en mettant quiconque se balade sur la piste. Il y répond de manière elliptique et subtile. 

Face à ces constructions on peut ressentir toute la puissance du micro qui se transforme en infiniment puissant et délicat. Tomás Saraceno, par ses structures rend compte de la délicatesse des éléments que chacun oublie, trop absorbé par un mode de vie qui dépasse tout un chacun. 

La trajectoire se veut sensorielle et exalte nos cinq sens. Et même si, par moment, le travail de l’artiste présente une certaine utopie, il est comme un espoir et devient même envisageable rien que par le fait que ce dernier ait rendu possible cette métamorphose de l’espace.

Comme un chant des sirènes, cette exposition à plusieurs voix -  artistes, arthropodes, astrophysiciens, scientifiques, architectes, chercheurs - humaines et non humaines, présente ou en filigrane, révèle un véritable concert vivant où l’essence du « vivre ensemble » prend ton son sens. Ces sons viennent enrichir et envoûter les lieux.

L’attraction face à ces œuvres, les toiles d’araignées ou encore l’Aerocene - monstre de sacs plastiques -  est très forte. Comme une envie de pénétrer, de comprendre, de se rapprocher de ce quotidien dont nous faisons fi.  

Tout au long du parcours, nos yeux se dilatent, plongés alors dans le noir face aux toiles que l’on pourrait croire cristallines et se contractent un peu plus tard au sous-sol, d’émerveillement, face à des forment transparentes sublimées. 

L’odorat est lui aussi sollicité, à la recherche constante d’une empreinte, comme un souvenir sensoriel de plus que le spectateur souhaiterait emporter avec lui. 

On Air laisse un goût de rêve, lequel aurait-on envie de prolonger quelques instants. 

 

 L’homme est infiniment grand par rapport à l’infiniment petit et infiniment petit par rapport à l’infiniment grand ; ce qui le réduit presque à zéro, Vladimir Jankélévitch (1903-1985)

Tomás Saraceno est né en 1973 à Tucumán en Argentine. 

Il obtient un master en architecture à l’École Supérieure des Beaux-Arts de la Nation Ernesto de la Carcova à Buenos Aires. 

Tomás Saraceno poursuit ses études en Europe, où il étudie les beaux- arts à la Städelschule de Francfort puis l’’art et l’architecture à l’IUAV de Venise. 

Aujourd’hui Tomás Saraceno vit et travaille à Berlin.

 

Palais de Tokyo, jusqu'au 6 janvier 2019, 13 Avenue du Président Wilson, 75116 Paris