Vue de l'exposition de Pieter Vermeersch à la galerie Perrotin. Photo : ©Claire Dorn

Pieter Vermeersch

par Nafsika Guerry-Karamaounas
9 novembre 2020

L'artiste belge expose à la Galerie Perrottin à Paris. Il est également connu à Genève pour son oeuvre d'art public réalisée sur les silos à sel de la Voirie aux Acacias, projet lancé par le FMAC en 2011. 

Pieter Vermeersch s’empare une nouvelle fois des murs de la galerie Perrotin à Paris. C’est la sixième exposition personnelle de l’artiste avec la galerie, la troisième dans l’espace parisien du Marais.

View of Pieter Vermeersch exhibition at Perrotin Paris. Photo : ©Claire Dorn

L’artiste belge (Kortrijk/Belgique, 1973) reconnu pour son travail mêlant beaux-arts et architecture s’approprie le lieu plutôt que la toile. Il existe dans l’œuvre de l’artiste un dépassement des notions de cadre et une confrontation de l’espace. L’allusion implicite de celui-ci n’implique pas un lieu qui possèderait lui aussi ses propres limites. Au contraire, l’espace s’efface tout comme le support car il est utilisé ici comme pivot pour l’aménagement des œuvres, il laisse place au temps, à  une pleine conscience du temps qui passe, ainsi que des traces qu’il laisse ou non.

Untilted, 2020. Silkscreen on marble. 162.5 x 217 x 2 cm. 195.00 kg  ©Perrotin Paris.

Les œuvres excluent toute narration exceptée celle qui est – on peut parler alors de narration spatiotemporelle. Elle se définit tout d’abord par l’espace que fait sien l’artiste, puis par les matériaux de prédilection de Pieter Vermerersch comme la pierre - le marbre principalement - le bois. Le format de la toile n’est qu’un contour abstrait, un souvenir tantôt ciselé, tantôt effacé.

Au fil du temps, les œuvres se meuvent puisqu’elles changent. Le marbre se transforme, tout comme le bois sous la pression de la chaleur.

« L’art de Vermeersch n’est ni illustratif ni narratif : il n’a, en somme, que l’art comme béquille. Les choses partent souvent des matériaux (sur le marbre, ce sont des images de marbre qui sont sérigraphiées — l’image est tellement agrandie que chaque point de la grille laisse voir autour de lui le support) et des vertus (et récits personnels) que l’artiste y projette ». Eric Troncy

Vue de l'exposition de Pieter Vermeersch à la galerie Perrotin. Photo : ©Claire Dorn

On note également une dichotomie entre les matériaux pérennes et l’éphémérité des autres. On y décèle une interrogation sur le quotidien, sur la trace comme empreinte et par extension sur celle que tout à chacun laissera derrière lui. De cette opposition naît une certaine harmonie où le naturel et l’industriel cohabitent. 

Pieter Vermeersch utilise pour chacune de ses peintures une base photographique où la référence spatiale est perdue afin d’arriver à une sorte de « degré zéro », l’image ne possède pas de reconnaissance propre. Par ailleurs, les photographies utilisées sont souvent des images prises « par accident » confie l’artiste, des images desquelles rien n’est reconnaissable si ce n’est la gamme colorimétrique tout à fait déstructurée.  

Ainsi pour les sérigraphies sur marbres, ce sont des images de marbres très agrandies qui sont utilisées, l’image disparaît et laisse place à la matière, il y a une sorte d’emphase non sur l’image mais sur le matériau emprunté. De cet emphase naît la projection de la matière comme image, la matière devient l’unique image. 

Il n’y a à voir que ce qui est et c’est sans doute là la vraie valeur de cette exposition à la Galerie Perrottin à Paris. Celle-ci rend également toute la maestria des œuvres de Pieter Vermeersch. 

Pratique : 76 Rue de Turenne – 75003 Paris – Tél. +331 42 16 79 79 

 « L’art de Pieter Vermeersch ne s’inspire pas de la nature, pas plus qu’il n’offre des perceptions homogènes : l’artiste structure et formate des phénomènes optiques » Ed Schad

© Photo: S. Fruehauf / Oeuvre: P. Vermeersch

Pieter Vermeersch et le bâtiment des silos à sel de la Voirie aux Vernets, à Genève :  L’artiste est connu à Genève pour avoir transformé les silos à sel de la Voirie, en 2014, suite au concours lancé par le FMAC, Fonds Municipal d'Art Contemporain, en 2011. Cinq artistes suisses et étrangers ont été séléctionnés pour le projet, Pieter Vermeersch a été choisi à l’unanimité́ afin de le réaliser. 

L'œuvre a pour but de sensibiliser un public averti ou non à l’art présenté sous des formes différentes et dans un espace public qui donne lieu à des rencontres et des moments différents autour d’une œuvre – autres que dans un espace dédié. 

Le silo de Pieter Vermeersch devenu « œuvre » est constitué́ d’à-plats lumineux - 60 panneaux de plexiglas, éclairés par des LEDs. Les quatre couleurs, le bleu, le violet, l'orange et enfin le blanc sont liées au volume du sel à l’intérieur du silo. L’artiste s’est ici inspiré des différentes teintes que peut revêtir le sel dans plusieurs lacs et déserts. L’intensité de la lumière diminue alors lorsqu’il y a moins de sel. Le silo vidé, et la lumière n’est plus. 

« En fait, je désirais uniquement de la lumière, intervenir avec quelque chose d’éphémère, à la fois très physique et minéral. » Pieter Vermeersch 

Son installation est inaugurée en 2014 et éclaire chacun des quatre silos par des teintes différentes que l'on peut admirer librement en extérieur, une chance à l’heure où les visites culturelles sont suspendues !

© Photo: S. Fruehauf / Oeuvre: P. Vermeersch

© Photo: S. Fruehauf / Oeuvre: P. Vermeersch

Pratique

Voirie de Genève – 10 Rue François-Dussaud – 1227 Les Acacias – Genève. https://www.geneve.ch/fr/oeuvre-silos

http://institutions.ville-geneve.ch/fr/fmac/art-public/projets/silos-a-sel/