
Paul Ami Bonifas
Paul Ami Bonifas, illustre céramiste suisse est exposé à la Galerie Lionel Latham. Exposition muséale.
La Galerie Lionel Latham présente les magnifiques céramiques de l’artiste suisse Paul Ami Bonifas. Né à Genève le 11 novembre 1893. Illustre céramiste, il est considéré comme l’un des premiers à mettre cette pratique en avant, en Suisse. Son œuvre a véritablement marqué l’entre-deux-guerres européens.
On lui connaît une première période dans son atelier à Versoix, d’où il travaille principalement le grès mais aussi la faïence et la porcelaine. La création qui s’étend de 1914 à 1919 s’apparente à la mouvance artistique de l’Art nouveau. Il s’inspire ici de la tradition de la céramique populaire européenne ; il privilégie les formes souples et légères.
Ce dernier produit par exemple des tuiles faîtières pour le Château de Neuchâtel. Il conçoit également des carrelages soit pour des petites tables, soit pour des radiateurs utilisés comme caches pour ceux-ci, ainsi que des éléments de lustreries. Bonifas est alors un membre actif de L’Oeuvre qui se compose d’architectes, d’entrepreneurs et de décorateurs. Ensemble, ils tentent de créer une membrane perméable entre travail industriel, création artistique et artisanat afin d’offrir à un public plus large des objets prêt à être utilisés, fonctionnels et esthétiques. Cette pensée réjouit très vite l’idéologie du céramiste empreint de la vision très socialiste de son père.
En 1919, son atelier brûle et une quantité de formules chimiques et minéralogiques avec.
Paul Bonifas s’en va donc à Paris où il perfectionne ses connaissances et ses acquis auprès de la société Achille Bloch & Fils de laquelle il doit assumer la direction technique de fabrication. Son travail ne le satisfaisant pas assez, reprochant notamment la non proximité d’avec les clients de l’entreprise afin de connaître leur goût, le céramiste en herbe, met un terme à cette collaboration. Il ressort toutefois enrichi, puisqu’il a appris ici à travailler la porcelaine dure à 1410 degrés.
De cette mince période, on retient quelques copies de modèles chinois qui étaient présentés dans des magasins de vente et un grand vase noir daté et signé Bonifas.
Vers 1922, Paul Bonifas s’engage auprès du futur Le Corbusier qui vient de fonder avec Amédée Ozenfant la revue L’Esprit Nouveau. D’après un certain curriculum vitae, on confie à l’artiste suisse durant cette période la réécriture de certains textes ainsi que son édition. Bien que ses créations soient laissées un peu de côté, on reconnaît à cet « entre-temps » une grande inspiration nourrie par l’intelligentsia et les rencontres passionnantes que Bonifas fait. Le cubisme ainsi que le purisme de Charles-Edouard Jeanneret marqueront le travail de Paul Bonifas. Leur collaboration s'étendra jusqu’en 1925.
Le céramiste reprend son activité première grâce à un atelier de poterie à Fernex qu’il décide d’acheter en 1922. Berguer & Cie, avant son rachat, était spécialisée dans la fabrication d’objets de fantaisie dont la qualité n’était pas optimale. Bonifas a pour but ici de créer une faïence plus solide, plus légère et donc par conséquent, plus onéreuse puisque pérenne. Après des débuts difficiles, l’atelier se différencie des autres grâce à une ligne épurée, rectiligne. Durant les premières années à Ferney, il produira essentiellement des terres vernissées.
Jusqu’en 1925 ses recherches l’emmèneront vers « ses premières faïences » (terres à pâte teintée dans la masse).
Bonifas arrivera au résultat de ses fameuses terres noires lustrées de manière fortuite en faisant des expérimentations. Cet « accident » fera sa réputation. Il garde la formule secrète. L’artiste ne cesse de faire des améliorations quant à la fabrication. Cette recherche acharnée durera huit ans.
En 1927, sort « BOAS », un petit livre sur les terres lustrées, produit par l’auteur des mêmes œuvres. Il est reporté dans le fascicule, le regard impressionnées que portaient les amateurs sur les nouvelles créations de Bonifas, ils reconnaissaient là, la grande qualité des œuvres : pour la première fois, des créations industrielles (crées mécaniquement) s’accordaient parfaitement avec l’aspect artistique.
C’est dans cette idée de perméabilité que Bonifas axera ses recherches.
En 1931, il expose à l’Exposition nationale d’art appliqué de Genève, des grands vases de jardin en terre cuite et poreuse. Selon Bonifas, le milieu végétal viendra parfaire ces objets d’extérieur en y implantant des mousses minuscules. L’artiste est soucieux déjà de ce qui entoure l’objet. Le milieu dans lequel se verra projeté ses créations compte sans doute autant que les formules qui permettent leur réalisation.
Bien que sa matière de prédilection soit la terre, Bonifas travaillera le verre puis le bronze. Le coût de celui-ci étant élevé, la fabrication restera limitée.
Il se prête également au dessin vers 1942 pour l’industrie de parfums.
Cette longue période - de 1922 à 1943 - est sans doute celle qui retranscrit au plus près la modernité et l’originalité du grand céramiste.
En 1943, Paul Bonifas quitte définitivement la France pour les Etats-Unis : il a l’opportunité d’aller enseigner la céramique d’art à l’université de l’Etat de Washington puis conjointement à celle de Seattle et celle de l’Utah.
En 1959, il décide de se consacrer uniquement à son art et ce jusqu’à sa mort en 1967.
Paul Bonifas n’aura cessé de s’inspirer de ses Pères pour finalement les « dépasser » en modernisant, en adaptant ses objets à son époque, toujours préoccupé par l’autre, et dans une dimension sociale.
Galerie Lionel Latham, 22 rue de la Corraterie à Genève.