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Raphaël Gianelli-Meriano

Par L'Art à Genève
11 avril 2018

Artiste, photographe

Votre rôle dans le monde artistique ? 

Je raconte des histoires avec des images fixes et en mouvements.  Je suis photographe et réalisateur.

Quel a été le déclic ?

J’ai toujours été entouré d’images. Mon grand-père était peintre. Le besoin d’images s’est précipité à l’adolescence, une sorte de pulsion scopique. Le besoin de pouvoir rendre compte de comment je traversais le monde. Ensuite mon père m’a offert un appareil photo vers mes 15 ans, un Rollei 35s. 

Aujourd’hui quelle est votre motivation ?

Continuer d’explorer, être curieux avant tout. La photographie et les films me permettent de me positionner dans le monde qui m’entoure. J’en documente la poésie de ses interstices, ce qui est avant les mots. Je rassemble les morceaux d’un puzzle d’images qui continuera, je l’espère, à faire sens pour d’autres après moi.

Votre rapport au marché de l’art ?

Aucun. J’avance au gré des rencontres. Et vends mes tirages ou films suivant un schéma qui n’est pas préétabli. J’achète plus que je ne vends. Dès que je peux j’achète l’œuvre d’un artiste dont j’aime le travail. Je fonctionne au coup de cœur.

Le courant artistique que vous préférez ? 

Celui que je ne connais pas encore, celui de demain dont on sent les prémices mais que l’on ne peut pas encore nommer. Je peux aller au Prado pour être en présence des Velázquez ou bien à Arezzo pour les Piero della Francesca, et aussi acheter un livre de Raymond Pettibon ou de Barry McGee. Je trouve parfois plus de mouvements et de saisissements dans le Moïse de Michelangelo que dans une photographie de rue par exemple. Disons que je privilégie les artistes, les histoires humaines aux courant artistiques. 

La qualité que vous préférez chez un artiste ?

La prise de responsabilité devant sa curiosité.

Ce que vous redoutez le plus chez un artiste ?

Le manque d’humilité croissant chez certains artistes.

L’œuvre d’art est-elle un objet sacré ? 

Ce qui est sacré nous traverse et est intimement lié à ce que chaque artiste décide, de manière consciente ou pas, de mettre en matière, d’incarner à travers son œuvre, et par cet acte, d’en laisser quelque chose au monde, à nous. Donner à une œuvre d’art le statut d’objet sacré c’est la cristalliser, la sortir de la vie, alors que l’art est dans la vie.  

Quelle est pour vous la ville la plus artistique ? 

C’est sans aucun doute la ville dans laquelle je vis, car c’est là que mon quotidien est ancré. Pour le moment c’est donc Paris. 

Que seriez-vous sans l’art ? 

Pas grand-chose, trois fois rien, mais trois fois rien c’est déjà quelque chose, c’est déjà beaucoup.