Charly et Hanna Bailly

23 octobre 2020

Galerie Bailly, marchands d’Art

 

Votre rôle dans le monde artistique ? 

Nous présentons des œuvres du monde entier du début de l’impressionnisme jusqu’au années 2000. Notre spécialité est l’histoire qui se cache derrière l’objet ou le tableau car les recherches profondes dans nos archives sont au centre de notre activité.

Notre bibliothèque se compose de plus de 40'000 ouvrages et de plus de 600'000 photos.

Quel a été le déclic ? 

Les premiers cours sur l’Égypte à Londres à 19 ans !  Mon anglais était désastreux mais les images de cette culture m’ont données comme un électrochoc suivi d’une fascination devant les sculptures bien réelles du British Museum. Envahi de passion par l’art en général et les objets en particuliers. Le syndrome Stendhal en quelque sorte sans les mauvais côtés. 

Aujourd’hui quelle est votre motivation ? 

Toujours la découverte…L’impossible qui deviendrait possible. Trouver une œuvre perdue ou tout simplement une découverte majeure me rendrait le plus heureux des hommes. 

Comment avez-vous fait pour garder le lien avec les collectionneurs et le public pendant le confinement ? 

Nous les avons tout simplement appelés ! Mais pas pour leur vendre des œuvres. Savoir d’abord comment ils allaient ainsi que leurs proches pour ensuite, s’ils le désiraient, nous voir à la galerie de l’Hôtel de Ville pour déjeuner en tête à tête et simplement discuter d’art, du marché, du futur…

Croyez-vous à la vente d’œuvres d’art en ligne ? 

Énormément ! Nous avons vendu 70% de nos œuvres online depuis mai 2020. De nouveaux collectionneurs comme des anciens du monde entier nous ont fait confiance par notre réputation et la qualité des œuvres que nous présentons ma femme et moi.

Le courant artistique qui vous touche le plus ? 

Il n’y en a vraiment pas. C’est plutôt une rencontre avec une œuvre en particulier qui va me toucher. Encore une fois c’est l’histoire derrière qui me fascine tout autant que la force qui s’en dégage. 

La qualité principale du collectionneur ?

Être à l’écoute et ouvert d’esprit. Il en est de même pour un marchand.

Quel est le rôle d’un musée d’art contemporain ? 

De promouvoir les jeunes talents en les mettant en scène aux côtés « d’anciens » et artistes confirmés de l’histoire de l’art… même des artistes du XVIème ou XVIIème siècle. Je trouve personnellement que certains conservateurs manquent un peu d’audace et sont justement trop « conservateurs » dans leur présentation. Il y a cette vue tubulaire de l’histoire de l’art alors que l’Art avec un grand « A » ouvre au monde… tout autour de nous…L’Art c’est aussi un geste, un son, une image, un ressenti…Ce n’est pas que la beauté. C’est aussi l’ennui, la maladresse, l’ignominie, l’horreur, la peur, la lâcheté…

Que pensez-vous de la prolifération des foires d’art contemporain ?

Nous participons à plusieurs foires dont artgeneve dont nous sommes très fiers ! Nous espérons une magnifique édition 2021 avec des grosses surprises que nous avons gardées pour elle. Malheureusement, depuis mars 2020, elles sont désormais inexistantes dû au COVID et beaucoup vont disparaître faute de moyens ou d’importants investisseurs car une foire c’est une grosse organisation toute l’année et non juste 10 jours sur 365. 

Quelle est la tendance aujourd’hui sur le marché de l’art ? 

Le beau, le très beau et l’introuvable comme toujours… Pour Bailly Gallery, ce sont tous les artistes reconnus par l’histoire de l’art qui ne sont pas sur un marché spéculatif mais pour des collectionneurs à long terme. 

L’œuvre d’art est-elle un objet sacré ? 

Il y en a comme des ex-voto de l’antiquité, des icônes et autres objets religieux de toute époque. L’Art doit faire passer une émotion, un ressenti.  Chez certains cela peut passer par un sentiment religieux.

Quel est votre dernier coup de cœur ? 

Une surprise que nous dévoilerons sur artgeneve en 2021… je ne puis en dire plus…

Quelle est pour vous la ville la plus artistique ? 

C’est évidemment Paris par son nombre de musées, ses collections et ses expositions. Londres vient juste après suivi de New York. Le problème c’est Genève. Je suis très en colère contre la direction du MAH qui ne fait absolument rien comme exposition de grande envergure depuis des années et qui n’est même pas capable d’organiser UNE SEULE exposition importante allant de l’antiquité jusqu’à l’art moderne, même l’art suisse comme à Bâle ou Zurich malgré un budget annuelle astronomique de plus de deux cents millions (une exposition importante coûte aux environs de 500-600'000 CHF). L’opéra et le théâtre c’est essentiel mais une seule importante exposition comme Mr Paul Lang (ex-conservateur des peintures du Musée d'art et d'histoire de Genève, MAH) à l’époque savait le faire je ne pense pas que cela soit beaucoup demander.  Nous avions un collectionneur passionné et passionnant en la personne de Mr Gandur qui aurait pu aider à cela mais Genève se referme comme une huître au moindre changement : Dommage… Bravo tout de même au MEG pour son exposition sur Dubuffet ! Cela montre qu’il y a toute de même une lueur d’espoir ! 

Que seriez-vous sans l’Art ?  

Un Homme incapable d’aimer. 

https://www.artageneve.com/lieu/galeries/bailly-gallery

En 1977, la Galerie Bailly ouvre ses portes au 25 Quai Voltaire à Paris dans le prestigieux quartier d'art face au Louvre. Poursuivant la tradition familiale, 30 ans plus tard, Charly et Hanna Bailly fondent Bailly Gallery, 10 rue de l’Hôtel de Ville à Genève et un Private show room à Paris dans le 8ème arrondissement.