Paul Eliasberg, Samothrace, ©Danielle Eliasberg, Cabinet d'arts graphiques du MAH, photo : A. Longchamp

Paul Eliasberg - Paysages de l'âme

L'Art à Genève
4 décembre 2019

Paysages de l'âme au Cabinet d'Arts Graphiques de Genève, MAH. Une généreuse donation de la fille de l'artiste.

Paul Eliasberg naît en Allemagne, à Munich le 17 avril 1907, de parents apatrides, contraints de quitter leur pays, la Russie, lors de la première révolution.

Paul Eliasberg, Hamburg, ©Danielle Eliasberg, Cabinet d'arts graphiques du MAH, photo : A. Longchamp

Son père, Alexander Samoïlovitch Eliasberg, né à Minsk en 1878, était historien et traducteur russo-yiddish. Il tenait un salon littéraire à Münich et avait entre autres pour amis Thomas Mann, Stefan Zweig, Paul Klee. Paul grandit dans un milieu intellectuel et artistique où les cultures russes, allemandes et yiddish se mêlent. Lui-même parle le russe, l’allemand et le français. Homme cultivé, il s’intéresse toute sa vie à la littérature classique allemande, anglaise, française, chinoise et grecque.

Plus tard, avec la montée du fascisme allemand, la famille Eliasberg est dans l’obligation d’abandonner une nouvelle fois son foyer pour Berlin en 1923. 

Paul Eliasberg n’aura de cesse de quitter ses terres d’accueil comme un instinct de survie, Paris, Aix en Provence, la Dordogne, Paris à nouveau…

Sa vraie identité, est sans doute celle de l’artiste qu’il est et qu’il choisit d’être au fil des années. A Paris, il est l’élève de Roger Bissière à l’Académie Ranson où il rencontrera sa future épouse munichoise, également artiste peintre, Jeanne Gedon-Rauch.

Eliasberg n’arrêtera jamais de peindre, de dessiner, de créer même pendant la guerre. La création devient comme un refuge premier, une nécessité pour l’artiste, pour l’homme. Aquarelles, dessins à l’encre de Chine, estampes. 

De ses déplacements, il fait une source d’inspiration continue. De son trait, il construit un toit, des toits. Paul Eliasberg s’intéresse particulièrement à l’architecture, aux paysages. Il dessine aussi des personnages, dont les contours s’intéressent davantage à l’étude du mouvement qu’au destin des individus. Il dessinera aussi beaucoup d’arbres, des arbres solitaires, des forêts ou de vieux oliviers vrillés. 

Paul Eliasberg, Prometheus ©Danielle Eliasberg, Cabinet d'arts graphiques du MAH, photo : A. Longchamp

Ses créations se situent toujours entre abstraction et figuration. Chacune des œuvres présentent une certaine candeur qui fait appel à une douceur, à quelque chose de l’ordre du paisible. Douceur de vivre ? Ceci peut se refléter dans le trait et la colorimétrie. Cette qualité est particulièrement évidente pour les aquarelles. Les dessins et les gravures, bien que très spontanés, se caractérisent plus par la répétitions du geste et du noir et blanc, des taches, des lignes. On lui découvre un langage visuel propre. Le travail de Paul Eliasberg parle de l’âme. Un intellectuel est une sorte d’'heimatlos, et c'est n'avoir plus de patrie que d'avoir sa patrie au ciel des idées (Guéhenno, Journal d’une Révolution » 1938, p. 128). Sa patrie est devenue autre, elle est devenue quelque chose de l’ordre de l’intime, du profond, et s’étend jusqu’à la création et le partage – l’oeuvre. Elle est comme une marque d’opposition.

En 1947, enfin naturalisé, son passeport français en poche  il explore le monde. Son premier voyage sera la Palestine, Israël est en train de se créer. L’Espagne, la Grèce, l’île Maurice et ailleurs. De ses voyages il fera des esquisses, des dessins.

Paul Eliasberg, Samothrace, ©Danielle Eliasberg, Cabinet d'arts graphiques du MAH, photo : A. Longchamp

Dès 1957, l’artiste ira chaque année en Grèce, pays pour lequel il voue un grand amour et développe une véritable passion, il y découvre plus de vingt cinq îles grecques qu’il dépeint sur plusieurs aquarelles. Il dira : « Ich habe griechische Inseln gesammelt » (« J’ai collectionné les îles grecques »). 

En 1958, son travail est reconnu au niveau international, il fera un portfolio avec Hans Hartung et d’autres peintres renommés. 

C’est le 1er octobre 1983 qu’il s’éteint à Hambourg et sera enterré à Paris au cimetière du Père Lachaise.

De son apatride, Paul Eliasberg fera une force, sa production artistique en est le témoignage et l’empreinte. 

En 2016, le cabinet d’arts graphiques de Genève reçoit plus de quatre cent œuvres sur papier de l’artiste – généreuse donation de Danielle Eliasberg, fille de Paul Eliasberg.

En 2019, le Musée d’Art et d’Histoire de Genève, lui consacre une grande exposition « Paul Eliasberg : Paysages de l’âme ». Deux techniques sont principalement représentées, l’aquarelle et la gravure. Un catalogue bilingue accompagne l’exposition organisée par Christian Rümelin, conservateur en chef du Cabinet d’arts graphiques du Musée d’art et d’histoire de Genève.

Paul Eliasberg, Ile Maurice, ©Danielle Eliasberg, Cabinet d'arts graphiques du MAH, photo : A. Longchamp

Pratique 

Paul Eliasberg – Paysages de l’âme.

Jusqu’au 2 février 2020, au Cabinet d’arts graphiques du MAH

5, promenade du Pin, 1204 Genève Suisse

https://www.artageneve.com/lieu/musees-fondations/cabinet-darts-graphiques