Jonas Noël Niedermann – NOV Gallery

12 mars 2020

Nov Gallery choisit l’artiste suisse Jonas Noël Niedermann, artiste verrier contemporain, pour une exposition intitulée Floating Lines.

Le designer originaire de Saint-Gall réinvente la pratique ancestrale de la verrerie tout en y concédant un regard contemporain. En effet, l’œuvre est d’une minuterie si impressionnante qu’il donne à croire qu’une utilisation 3D a été requise. L’utilisation du pliage répétitif de plusieurs couches de verre donne cette impression unique et tridimensionnelle. 

La démarche ainsi que le résultat expriment une poésie certaine qui s’inscrit dans le présent. 

Pourquoi le verre est-il votre matériau de prédilection ? Que recherchez-vous à travers lui ? 

C’est lors d’un premier voyage en Finlande, à l’âge de neuf ans, suite à une visite de l’atelier Ittala que j’ai été interpellé par la magie du matériau, le verre. Sa beauté, sa transparence, et les propriétés illimitées dans la réalisation et la création.

Comment avez-vous été formé ?

A seize ans, je deviens apprenti souffleur de verre et développe mon savoir-faire en enchainant les résidences dans des ateliers en Italie (Berengo Studio Murano,) en Allemagne (Glasfachschule Zwiesel, Bildwerk Frauenau), en Autriche (Glashütte Comploj), au Danemark (Tobias Møhl & Trine Drivsholm, Bakhaus&Brown) et aux États-Unis (Pilchuck Glass School, Penland School of Crafts, Corning Museum of Glass). 

 Vous avez fait des résidences dans les plus grands ateliers. Qu’avez vous appris, retenu ? La technique est-elle différente de celle pratiquée par les maîtres bavarois ?

Apprenant des maîtres qui ont consacré toute leur vie à l’art verrier, j’ai développé une appréciation unique pour les subtilités du verre dans les moindres détails. Par conséquence, j’ai aussi développé un regard artistique unique tout en faisant écho aux œuvres historiques des grands maîtres du métier. Les techniques des maîtres verriers de Murano, des Etats-Unis et du Danemark sont très différentes les unes des autres avec chacune ses spécificités. J’ai appris à chaque fois de nouvelles techniques qui m’ont permis de développer mon travail un peu plus et redéfinir les limites de mon savoir-faire et mon métier.

Vous arborez une pratique de la verrerie ancestrale. Comment arrive-t-on à un tel résultat ? Si contemporain ? 

Des lignes colorées opaques flottent dans le matériau transparent sans se toucher, tandis que le verre transparent révèle des lignes qui apparaissent et réapparaissent continuellement en profondeur, créant le sentiment de multiples surfaces interagissant les unes avec les autres. Le but ultime de ce travail est de créer une image tridimensionnelle dans la transparence du verre, rappelant la structure d’une pièce réalisée en 3D. 

Une nouvelle approche, de nouvelles combinaisons de couleurs, de formes, de profondeurs et motifs 3D. Le langage contemporain de mes pièces devient une évidence pour le visiteur.

Pourquoi utiliser ces techniques alors que la 3D existe ? Les œuvres donnent l’impression d’une grande précision dans le maniement du matériau. Est-ce le cas ? Pour cette exposition, comment avez-vous choisi les formes que vous souhaitiez insuffler à la matière ? Y a t-il une part de hasard ? 

Mon travail est enraciné dans le savoir faire d’une grande maîtrise et se compose d’innombrables jours de préparation et de travail dans l’atelier chaud et froid pour obtenir une finition douce et satinée. Les bases en laiton des pièces sont travaillées à froid dans le verre, soulignant ses formes et ajoutant une lueur dorée au fond des pièces. 

Les lignes en série de «Floating Lines» sont créées par un pliage répétitif de plusieurs couches de verre, avec le résultat final consistant en un collage de motifs. Les pièces sont souvent si complexes qu’on pourrait imaginer qu’elles ont été conçues numériquement, mais en fait sont réalisées avec des pratiques ancestrales.  Il y a peu de hasard mais plutôt une grande maitrise.

Vous êtes en quête perpétuelle des possibilités de pratiques de la verrerie. Comment s’articule cette recherche ? 

Mon travail agit comme une conversation entre la tradition et l’avenir de l’art verrier, entre artisanat et design. Ma passion et mon attachement me poussent à rechercher constamment de nouvelles méthodes de création tout en continuant à rendre hommage aux maîtres dont j’ai appris. «Je redéfinis les limites de mon métier avec chaque exercice.” 

Vos projets futurs ? 

Mon avenir proche sera au Danemark, où je viens d’être nommé Maître Verrier au Holmegaard Værk Museum. Je commence le 16 mars 2020.

https://www.artageneve.com/lieu/galeries/nov-gallery

http://www.jonasnoelniedermann.com

photos : Cæciliie Philipa Vibe Pedersen