MEG, Covid-19, musée d'Ethnographie confiné

par L'Art à Genève
20 avril 2020

Confinement avec Boris Wastiau, directeur du Musée d'Ethnographie de Genève.

Votre passe-temps favori pendant le confinement ?

Pas de passe-temps particulier : ni le travail, ni les activités usuelles ne manquent ! Une activité inhabituelle toutefois : le tri des livres, dont beaucoup dormaient dans des cartons depuis des années. Retrouver chaque livre, les notes qu’il contient, les marque-pages faits de billets de train ou de cartes d’embarquement… c’est un moment proustien qui me renvoie chaque fois en d’autres lieux, d’autres temps et fait surgir visages et voix parfois oubliés.

Comment s’organise la vie du musée en ce moment ?

3/5 des employé-e-s environ travaillent à distance, préparent la réouverture au public, reprogramment l’ensemble des activités reportées à ce jour, et bien entendu planifient la mise en œuvre de nos nouveaux projets stratégiques pour les cinq années à venir. 1/5 environ continuent d’assumer sur site des activités de régie et de sécurité, de maintenance, de même qu’un suivi très attentif de la conservation des collections. Une dizaine d’employé-e-s se sont porté-e-s volontaires pour venir en aide à d’autres services de la Ville de Genève, comme le Service social, les Pompes funèbres ou le Service de la jeunesse. Alors que d’aucuns se claquemurent en ne pensant qu’à leur bien-être et confort personnel, il faut saluer leur civisme. 

Votre plat préféré ?

Tous les jours il est différent. Chaque fois aussi bon !

Votre série TV ?

The New Pope, de Paolo Sorrentino. Superbe !

Que va-t-il se passer avec le calendrier des expositions ?

Il est bien entendu en cours de remaniement, et ce ne sera pas chose aisée, mais tout est maintenu. Nous faisons tout pour que « Jean Dubuffet. Un barbare en Europe » puisse ouvrir début septembre.

Vous rasez-vous tous les jours pendant le confinement ?

Absolument ! Même si je porte en ce moment une barbe courte…

Quelle importance donnez-vous à la communication via les réseaux sociaux ?

Elle ne me paraît pas plus importante ou nécessaire en ce moment particulier, mais nous y accordons priorité de manière générale. Une nouvelle responsable de l’engagement numérique et des réseaux sociaux vient d’ailleurs de prendre ses fonctions au MEG le 1er avril ! Depuis la fermeture au public, une riche présentation des collections et des métiers du musée est notamment diffusée sur les réseaux sociaux. Quant à moi, rendez-vous sur linkedIn https://fr.linkedin.com/in/boriswastiau. J’y présente en ce moment une ITW pour #MuseumWeek.

Votre livre de chevet ?

Yachting World Magazine ! Pour prendre le large…

Mettrez-vous en ligne une partie de vos collections ?

Toute la collection d’objets est en ligne depuis plus de dix ans, ainsi que plusieurs milliers de photographies et des centaines d’heures de musique. Le microsite www.meg.ch permet de visiter l’exposition de la collection permanente, assorti de plus de 5000 photos HD des 1000 pièces exposées, ainsi que de commentaires audio par les conservatrices et les conservateurs, des images et vidéos d’archives… Vous pouvez y passer des heures et c’est à mon avis bien plus intéressant que ces « visites virtuelles 3-D » qui pullulent en ce moment. Elles sont magnifiques pour se donner une idée du lieu ou de la scénographie, mais ensuite l’expérience visuelle des œuvres est très pauvre, l’information davantage encore.

Votre coin préféré chez vous ?

Il varie selon l’heure du jour et de la saison. Ces jours-ci, la terrasse ouest, avec vue sur le Jura, en fin de journée. 

Musique ou silence ?

En alternance. 

Faut-il repenser la vie du musée ?

Il faut toujours repenser la vie du musée ! La pandémie actuelle appelle un foisonnement de questions anthropologiques, relatives au devenir des populations et à leurs rapports à l’environnement, aux échanges globaux, etc… Autant de questions propres à l’anthropocène que le MEG abordera dans ses expositions dès 2021.

Quels sont les points positifs de ce confinement ?

De belles avancées en termes d’utilisation des technologies de communication (télétravail, vidéoconférences, drop boxes…) et moins de distractions inutiles au cours de la journée. C’est aussi une belle occasion de méditer sur la pertinence de notre engagement, tant notre engagement social que notre engagement pour le développement durable. 

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