Ariane Monod au travail rue du Stand.  ©Suzy Mazzanisi, galerie Andata Ritorno, Genève 2019.

Ariane Monod recouvre au fusain la galerie genevoise Andata Ritorno

par Etienne Dumont
1 octobre 2019

L'artiste a travaillé les deux mois d'été pour tracer une fresque au fusain qui recouvre deux murs de la première salle et la totalité de la seconde. A découvrir avant destruction.

C'est un cadeau. Comprenez par là que l’œuvre vous est offerte sans l'attente d'une compensation ou d'un retour. L'«Esquisse murale» d'Ariane Monod n'est pas à vendre. Il n'en restera d'ailleurs bientôt rien. Quelques jours encore de visites possibles à Andata Ritorno, et ce sera fini. Avec un aide venu pour l'assister, l'artiste va tout effacer. Les deux pièces de la galerie peintes au fusain et à l'eau reviendront à leur état naturel. Un blanc qu'il faudra sans doute raviver. De l'aventure ne subsistera qu'une poignée de photographies. Cela fera peu pour restituer l'immersion dans un décor conçu sur deux mois. Tout juste un aide-mémoire.

Ariane Monod au travail rue du Stand.  ©Suzy Mazzanisi, galerie Andata Ritorno, Genève 2019.

Joseph Farine, dont c'est la 325e exposition en trente-sept ans, a confié son espace à l'artiste genevoise pendant l'été. Le calendrier était bien réfléchi. Elle aurait les deux mois de fermeture annuelle afin de créer une œuvre en résidence. Ariane n'a pas été cloîtrée pour autant. Elle avoue avoir passé cinq semaines et demi à l'ouvrage, le reste ayant consisté en un voyage au Japon. Un pays où elle aime à se rendre. Il lui apportait cette fois en prime la distance voulue avant une reprise de son travail. L'«Esquisse murale» tient en effet pour la Genevoise de l'avancée dans l'inconnu. Du saut dans le vide. C'est un peu comme si l'immense image, qui couvre deux murs dans la première pièce et trois dans la seconde, se créait progressivement en partant d'elle-même.

Un paysage intérieur

Ariane Monod a cependant dû composer avec les cimaises, qui ont subi bien des choses en quatre décennies. Il lui a fallu trouver des idées pour inclure dans le motif des plinthes, une porte, une sonnette et deux demi colonnes. Tout devait sembler faire partie de la même composition. Une composition qu'il est permis d'interpréter comme un paysage, même n'en s'agit pas vraiment d'un. Ou alors d'un paysage intérieur, ne se rapportant que vaguement à la vision d'une nature réelle. «Les vagues apparaissent ainsi, les ressacs, la tourmente, le vent, les retombées aquatiques qui semblent des appels au large de l'inconnu, de l'indicible et de l'imaginaire marin autant que céleste», écrit Joseph Farine dans son texte de présentation.

Et après? Pas de regrets? Apparemment non. Ariane Monod partira vers d'autres aventures, quand elle ne donnera pas ses œuvres, pérennes celles-ci, sur plaques métalliques. L'idée d'éphémère, qui angoisse tant les artistes contemporains, ne l'effraie pas. L'«Esquisse murale» constitue aussi un spectacle. Autrement dit une chose se détruisant à mesure qu'elle avance. Un feu d'artifice. A découvrir jusqu'au 5 octobre. Alors dépêchez-vous!

 

Pratique

«Ariane Monod, Esquisse murale», galerie Andata Ritorno, 37, rue du Stand, Genève, jusqu'au 5 octobre. Tél. 078 882 84 39, site www.andataritornolab.chOuvert du mercredi au samedi de 14h à 18h ou sur rendez-vous.

 

Publié sur Blian.ch le 30 septembre 2019