Dos Delgado Fuchs, @Delgado Fuchs

DOS

par Claude-Hubert Tatot
29 janvier 2022

Spectacle de la compagnie Delgado Fuchs, présenté au festival GO GO GO - Genève les 13 et 15 janvier sera donné les 17, 18 et 19 mars 2022 durant le  Festival Sequence Danse, Le Centquatre, à Paris.

L’un est grand, athlétique chauve et blanc comme un clown. L’autre est petit, sec, chevelu et basané. Il semble aussi moins jeune, parait plus fragile.

Ils entrent sur scène, s’ignorent presque et prennent des poses. Il est alors aisé de les comparer. Puis ils se mettent en marche, se suivent. Le grand toise le petit d’un œil réprobateur, c’est le début d’un singulier pas de deux en osmose et contre point, en portées et figures assez spectaculaires mais toujours amenées avec délicatesse, sans fanfaronnades.

Dos Delgado Fuchs_Photo Laurent Philippe @Delgado Fuchs

C’est aussi un couple burlesque de cinéma muet tant ils sont drôles. Un comique de situation porté par des mimiques et des gestes de mimes. Ils ne parlent pas mais bouche close fredonnent, imitent les sons que l’on prête aux robots, se parlent en une langue universelle et inarticulée. Ils babillent et nous les comprenons. Ce duo espiègle a un goût d’enfance, sa tendresse et son âpreté.

Le plus fort n’a pas toujours raison, le petit s’assied dessus, le grand doit le porter. A bout de bras comme des altères, dans son giron comme la vierge des piétas porte le Christ. Le grand n’est pas sans pouvoir, il semble même à un moment téléguider le petit.

Puis il y a tous les temps où l’un reprend le geste de l’autre et le prolonge. Il arrive qu’ils se touchent, se caressent même avec franchise dans une candeur fraternelle. Ce duo d’hommes est d’une très grande sensualité sans aucune ambiguïté et plus fort encore, aucune mièvrerie.

La fin est surprenante, le petit délasse les baskets du grand et le déchausse, lui baisse son pantalon bleu, lui remonte l’élastique de son boxer orange et de ses chaussettes montantes. Bien qu’il ne soit pas à la hauteur il arrive à lui ôter son tee-shirt. C’est comme déshabiller un enfant distrait. Il lui passe une belle veste de costume noir. Il ôte son pantalon, son tee-Shirt, ses baskets, enfile un chapeau et met des bottines à talon. Un seul costume pour deux, celui qui fait le personnage. Enfin il se hisse sur la pointe des pieds pour s’occuper de la moustache du grand en un geste décisif qui ramène avec humour les spectateurs et spectatrices à la réalité et permet de sortir en souriant de cet intense moment d’humanité.

 

Pratique 

https://www.delgadofuchs.com