Jules Spinatsch

par L'Art à Genève
16 janvier 2019

Jules Spinatsch – Semiautomatic photography 2003-2018, Centre de la Photographie, Genève

Jules Spinatsch, grand photographe de la scène artistique internationale expose au Centre de la Photographie de Genève. 

L’exposition proposée par Joerg Bader, directeur du CPG, réunit une série de photographies de l’artiste prises entre 2003 et 2018.

En recherche constante, le photographe a mis au point sa propre technique de prise de vue à l’aide d’une webcam et en collaboration  avec Reto Diethelm, informaticien, puis avec une caméra SLR, contrôlée elle, par un ordinateur. La caméra a pour rôle d’enregistrer des images uniques sur une durée précise et dans un intervalle régulier. 

Les images sont ensuite réunies pour ne former qu’un large panorama. Il y a donc plusieurs images dans une seule et unique image. Le temps est fragmenté. La fragmentation est le résultat du réglage de l’artiste. L’espace photographié, lui est le fruit du hasard. Jules Spinatsch contrôle le temps mais ne contrôle pas l’icône. Paradoxe d’aujourd’hui où l’image se veut ultra contrôlée alors que le temps échappe. 

Ce sont 2176 clichés qui ont été pris, 2176 photogrammes réunis en différents panoramas. 

L’idée de contrôle est très présente, la question d’une fausse liberté, d’une liberté sous contrôle est posée. En effet, l’artiste dispose son mécanisme dans des lieux forts de leur représentation : le pouvoir. Ainsi, on peut reconnaître une prison de Mannheim, la bourse de Francfort, le conseil municipal de Toulouse, ou le WEF de Davos (World Economic Forum). Ce qui est particulièrement intéressant c’est que des lieux dits de loisirs sont également photographiés comme le stade de Wankdorf à Berne par exemple ou encore le bal de l’Opéra de Vienne. Cette proposition marque d’autant plus fortement l’assujettissement de cette société où finalement l’homme n’acquiert pas plus de liberté dans son temps libre. 

En 2005, il produit Temporary Discomfort, un documentaire sur trois villes en état d’urgence durant deux sommets économiques mondiaux (WEF and G8).

Joerg Bader parle de l’artiste en ces termes : « Il est à souligner que l’artiste développe cette dialectique avec une technique de contrôle des populations, qui fait partie du nouvel essor l’ultracapitalisme. Jules Spinatsch ouvre ainsi un nouveau chapitre dans l’histoire du « style documentaire » ». 

Jules Spinatsch offre en dernier lieu de l’exposition, proche de la sortie, un espace très privé, celui de son atelier, comme une mise à nue, l’artiste nous dévoile les « dessous » de son art. Son atelier serait comme le versant finalement, de toute la création admirée en amont. L’artiste est transparent et appuie de cette façon l¹idée du contrôle, de l’artefact. Il donne ainsi au spectateur une position de « surveillant », de « contrôleur », le photographe devient objet de contrôle.

A souligner l'extraordinaire mise en scène de l'exposition.

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Jules Spinatsch est né en 1964 à Davos, Suisse. Photographe et professeur de renommée internationale il vit et travaille à Zürich. Il a exposé au MoMA de New York et de Salzbourg, à la Fondation Cartier à Paris, à la Villa Arson à Nice, à la Tate Moderne à Londres. En 2004, il a remporté le Prix BMW à Paris Photo.

Pratique : Centre de la Photographie de Genève, 28 rue des Bains, jusqu’au 2 févier.

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