
Numismatica Genevensis record battu pour une monnaie en or
Numismatica Genevensis vend la monnaie européenne la plus chère. Une énorme et rarissime pièce d’or espagnole frappée à Ségovie en 1609 a battu un record le 24 novembre : 2,817 millions de francs.
Adjugé ! Le 24 novembre, la maison Numismatica Genevensis proposait une rarissime pièce faisant partie des monnaies les plus convoitées du monde. Avec le prix que cela suppose pour les amateurs, bien entendu. En 2009, le Centén Segoviano, frappé très exactement trois siècles plus tôt à Ségovie, avait atteint une somme d’environ 800 000 euros. Combien réaliserait-il à Genève dans le cabinet numismatique fondé en 1988 par Alain Baron ? Réponse obtenue en quelques minutes. En comptant les échutes, ce « monstre » de 339,5 grammes (c’est précis !) mesurant environ 7,5 centimètres de diamètre a atteint 2,817 millions de francs. Plus du triple de 2009. Dans la foulée, un tétradrachme à l’effigie de Cléopâtre VII Philopator, la dame dont la longueur du nez aurait changé le cours de l’Histoire, se voyait écoulé pour 220 500 francs.

Une sorte de médaille
Je n’ai pas contemplé de mes yeux le Centén, qui me fait penser en photographies aux « écus d’or » en chocolat sous papier doré que je vendais dans mon enfance au profit du Heimatschutz. Dommage ! Il s’agit là d’un saisissant témoignage de la richesse d’une Espagne qui commençait juste à décliner après un triomphal XVIe siècle. Nous sommes en fait plutôt face à une médaille, en dépit des « Cent écus » affichés. Ce type de monnaie symbolique se voyait en réalité donnée comme cadeau diplomatique. Ou à titre de récompense pour un service extraordinaire. Le miracle est qu’il en ait subsisté plusieurs exemplaires différents jusqu’à nos jours. Un tel objet se voit en permanence menacé de fonte. Notez qu’il a existé dans le monde islamique des pièces d’or encore plus volumineuses… et plus lourdes.
Succès sur le long terme
Le succès d’hier, qui se verra sans doute complété par la dispersion aujourd’hui 25 novembre d’une exceptionnelle série de demi-couronnes (« Half Crown Collection ») marque l’apogée d’une maison locale discrète. Un travail mené sur le long terme. Je me souviens ainsi d’avoir connu Alain Baron il y a très longtemps, alors qu’il débutait à Genève. Aujourd’hui âgé de 63 ans, l’homme était frais docteur des universités de Vienne et de Rome. Il avait ouvert une échoppe au boulevard Georges-Favon, à côté de l’actuel Pain quotidien. Je l’ai ensuite revu, installé à un étage du Rond-Point de Plainpalais. Je me souviens d’un enthousiasme débordant, et par conséquent contagieux. Il me semble indispensable dans le monde des enchères. L’homme est par la suite allé de succès en succès. Je vous en citerai juste un. En 2021,
Etienne Dumont, publié le 25 novembre 2025 sur BILAN



