Paulo Wirz, Terreno Invisível

Claude-Hubert Tatot
29 mai 2021

Paulo Wirz, né au Brésil est arrivé en Suisse à l'âge de 18 ans. Il présente à la salle Crosnier sa première exposition personnelle, des oeuvres spécialement conçues pour la Société des Arts de Genève. 

Absis et ordonnée,

Généreux, Paolo Wirz fait débuter son exposition à la salle Crosnier dès l’entrée du palais de l’Athénée à Genève. Il allège l’escalier monument en pierre noire, en plaquant la seconde contre marche d’un miroir. Ce reflet de la lumière et de l’image de l’extérieur fait effet d’apesanteur. En redoublant ce dispositif sur la contre-marche, à hauteur du regard d’un visiteur moyen, il rend visible ce qui peux être perçu sans pour autant être compris. 

Ces jeux entre l’œuvre, l’architecture et le regardeur se développent dans les trois autres salles. Sur les murs du vestibule, entre les portes, il accroche cinq petits pastels sous verre. La surface rouge de chacun d’eux est coupée de deux verticales et deux horizontales qui se croisent dans l’angle supérieur droit. Sur ces lignes noires s’accrochent comme des notes de musiques de petits motifs répétés de gouttes ou de croix. Ces rectangles de couleur carroyés en bordure annoncent les rails métalliques simples et doubles dont l’ensemble orthogonal se déploie sur le parquet en damier losangé et sur lesquels reposent 30 caisses en bois. 

Ce module rectangulaire, souvenir de la sculpture minimale, se répète, seul ou groupé. Certains sont fermés par des verres de couleur, rose, orange ou vert laissant voir de la vaisselle ordinaire empilée comme dans un carton de déménagement. D’autres à l’intérieur miroité et parfois colorés sont vides et c’est alors les carrés de la verrière qui se reflètent, l’une d’elle ouverte a le fond brûlé, dans une autre sont disposés, comme une nature morte, des fruits recouverts de cire. Un des grands lustres qui entoure la verrière est abaissé donnant l’ampleur de la hauteur sous plafond.

La cire est encore présente dans la petite salle sous forme de boules plus ou moins grosses et régulières allant du gris clair au noir. Ces perles sont simplement posées sur toute la plinthe. Cet étrange collier encercle la salle, sauf derrière la porte ou ce sont des barres qui sont disposée. Surtout l’interstice entre le plancher et la moulure est miroité comme certaines contres-marches de l’escalier si bien que la boiserie semble décollée du sol, comme suspendue. La boucle est bouclée, tout se répond et fait écho. Son œuvre dialogue avec les éléments de décor qui font le cachet de cette salle mais rendent difficile toute exposition. De cette austère richesse qui en impose Paulo Wirz fait un allié en une installation in-situ sensible et extrêmement bien réglée. 

Claude-Hubert Tatot

 

pratique : PAULO WIRZ, Terreno Invisível, exposition personnelle, Salle Crosnier – Palais de l'Athénée, 2 rue de l'Athénée à Genève. Jusqu’au 19 juin 2021

L'exposition est réalisée avec le soutien à la production du Fonds cantonal d’art contemporain, OCCS – DCS, Genève