Pépites de compost - Photographies d’André Piguet

par Emilie Bottini
6 avril 2021

André Piguet voit dans ce que l’on nomme le talent une simple disponibilité à ce qui l’entoure. Pas davantage. De ce fait, ses photographies se cantonnent dans des sujets non conventionnels, de préférence non identifiables.

La rencontre entre Roland Burkhard, fondateur de la galerie Humanit’Art et André Piguet, se fait de manière fortuite, alors que le « photographe accidentel » expose déjà à quelques encablures de la galerie, sis 14 rue Diorama dans le Quartier des Bains à Genève. 

Suite à cette belle rencontre, le galeriste suggère que André Piguet, par ailleurs grand amateur et connaisseur de musique classique et de littérature, devienne le sujet d’un des épisodes de l’émission bien connue de la RTS, « Passe-moi les jumelles ». Lors du tournage, Roland Burkhard propose l’organisation d’une exposition à Humanit’Art. « L’artiste » accepte, mais ne veut rien en gagner, car il photographie par plaisir. Le projet prend forme !

André Piguet se qualifie lui-même de photographe accidentel, n’utilisant ce support réalisé à l’aide de son smartphone, sans aucun travail de postproduction, que parce que celui-ci lui permet d’exprimer quelque chose, de pénétrer dans l’étonnement. Sa recherche n’est pas toujours dans l’esthétisme et sa démarche très sensible au non-figuratif. Ainsi, les photographies - d’abord et toujours personnelles - d’André Piguet vont, par concept, permettre au spectateur de laisser libre court à son interprétation propre, de se perdre dans les divagations d’un souvenir personnel, à travers l’évocation de choses souvent indicibles.

Ex-enseignant et inspecteur des écoles, aujourd’hui musicologue de profession et engagé pour la promotion de jeunes artistes, André Piguet est convaincu qu’en chaque grand enfant que nous sommes réside une multitude de choses à dire et un grand potentiel. Il oppose ainsi le génie et le talent avec les concepts d’élaboration, de travail et d’ouvrage. Il cite alors l’œuvre de Jean Dubuffet intitulée « L'Homme du commun à l'ouvrage ». Inspirante.

L’Art devant être partout, dans chaque moment quotidien éphémère, André Piguet garde les yeux grands ouverts, émerveillés. Il voit des choses et les photographie, sans se soucier d’être qualifié de quelque étiquette, ne se percevant pas comme quelqu’un à part.

Ainsi, les titres choisis sont simplement suggérés, les uns offrant certaines correspondances, alors que d’autres ouvrent volontairement le champ profond de l’imaginaire du visiteur.

Ces photographies permettent au spectateur d’accéder à des espaces imaginaires, inattendus, le souhait premier et unique d’André Piguet étant de susciter une réaction, une réflexion chez le visiteur.

Des œuvres qui n’en sont pas, dues à un artiste qui n’en est pas un : voici le choix iconoclaste de la galerie Humanit’Art pour ce débat du printemps 2021.

Fondée en 2017 par l’avocat genevois Roland Burkhard, l’association Humanit’Art est un espace culturel et une galerie d’art dont le concept vise à créer un pont entre l’art et l’aide humanitaire. Le but principal de l’association est de soutenir les artistes locaux et leur permettre d’exposer leurs œuvres, mais également de présenter les travaux d’artistes étrangers. Les bénéfices éventuels sont versés à l’ONG humanitaire « Aide-en-Raid », fondée en 2009.

https://www.artageneve.com/lieu/galeries/galerie-humanitart

Pratique

“Pépites de compost” Photographies d’André PIGUET – exposition du 25 mars au 8 mai 2021. Galerie Humanit’Art, Rue du Diorama 14, CH - 1205 Genève. Présence d’André Piguet tous les samedis entre 14h et 17h à la galerie.

Vente de bouteilles en hommage à Rabelais “Duo Pinot blanc-Gamay” du domaine de la Clé de Sol, Daniel Sulliger, vigneron à Chouilly avec étiquettes exclusives du cru du smartphone d’André Piguet.