PIASA dispersera à Paris la collection du galeriste genevois Daniel Varenne

par Etienne Dumont
10 octobre 2019

L'homme est mort très discrètement en mars 2018. Il s'était installé rue Toepffer en 1978 après avoir débuté à Paris. Son commerce se situait dans un appartement.

Les dés sont jetés. A partir du 22 octobre, la Maison PIASA, qui loge faubourg Saint-Honoré à Paris, dispersera la collection et le stock de Daniel Varenne. Il y aura au moins cinq ventes, tant en ligne que dans la salle. Passeront aussi aux enchères les livres et la documentation. Ainsi se terminera la vie d'une galerie ouverte il y a pile septante ans. C'est en 1959 que le Français a ouvert sa première maison dans la capitale, avant de passer à Genève dès 1978.

Daniel Varenne est mort en mars 2018 dans notre ville (Genève, donc). Il a été enterré à Paris. Je ne suis pas toujours très bon. J'avoue ne pas avoir relevé l'événement. Il faut dire que l'homme restait très discret. Secret, presque. Ni les rares articles alors parus, ni le faire-part mortuaire n'indiquaient par exemple une date de naissance. Le galeriste travaillait en appartement, au 8 de la rue Toepffer. Un lieu très «cosy». On le voyait naguère à la FIAC et à Art/Basel. Il lui était arrivé de proposer des manifestations temporaires, comme l'accrochage qu'il avait offert sur un tardif coup de cœur au Neuchâtelois Jonathan Delachaux. Le reste du temps, il fallait prendre rendez-vous afin de rencontrer celui qui avait été lié à beaucoup d'artistes de Christo à Ben en passant par Spoerri. Daniel Varenne avait aussi travaillé avec des Genevois, dont John Armleder ou Sylvie Fleury. Deux noms que l'on ne retrouvera apparemment pas chez PIASA.

Affaires de famille

Le Français était lié à Genève, comme ses parents Roger et Françoise. Ces derniers avaient d'ailleurs fait don au Musée d'art et d'histoire d'un important ensemble de tableaux, dont ils gardaient la jouissance. Ils avaient cependant confié quelques pièces au MAH, dont un Brueghel. L'affaire s'était terminée on ne peut plus mal. Le panneau avait été mal restauré par l'institution à l'insu des Varenne. Le couple a alors voulu retirer ses billes. L'affaire est montée jusqu'au Tribunal fédéral, qui avait donné raison à la famille en 2008. Le MAH avait pu choisir quelques œuvres tout de même. Une conciliation, mais pas une réconciliation.

Le même MAH avait présenté en 2003 la collection de vêtement de Danielle Luquet de Saint-Germain. Avant de devenir Madame Daniel Varenne, elle avait été le plus célèbre mannequin de Saint Laurent. C'était une belle exposition, gérée par Alexandre Fiette. Mais là aussi, tout a fini en eau de boudin. La dame a été priée par le MAH de reprendre les multiples pièces qu'elle avait confiées en dépôt. Et les ventes ont pu commencer à Drouot en 2013. Pas de chance! La dernière fois que Daniel Varenne avait fait parler de lui, c'était pour une histoire de spéculation immobilière. Celle dite de La Tulette à Cologny. Les Varenne avaient acquis sur leur ancien domaine morcelé trente logements vendus à des prix sociaux. Pour la famille, disaient-ils. Une famille apparemment nombreuse...

Tout Alain Jacquet

De tout cela, il n'est bien sûr aujourd'hui plus question. La première vente, annoncée pour le 22 octobre sous le titre d'«Inventaire irrationnel», sera la collection. Des pièces de Christo, Dubuffet, Jean-Pierre Raynaud, Daniel Spoerri, Roman Opalka, Saul Steinberg... La création estimée le plus haut est le «Petit Musée» de Ben. Entre 70 000 et 90 000 euros. Une vacation entière se verra consacrée au fonds d'Alain Jacquet. Un initiateur du pop-art à la française, né en 1939 et mort en 2008. L'artiste a quelque peu stagné après des débuts prometteurs. La publicité de PIASA en fait bien sûr un créateur majeur.

 

Pratique

PIASA, 116, rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris, 22 et 23 octobre, visites du 18 au 22 octobre. Tél. 00331 53 34 10 10, site www.piasa.fr

 

Publié sur Blian.ch le 6 octobre 2019