Les sculpteurs genevois à Cologny

par Nafsika Guerry-Karamaounas
14 septembre 2021

Au détour des sculptures du parc des Fours à Cologny.

L'Association des sculpteurs genevois proposent un nouveau parcours sans thème particulier. Durant presque deux mois, le parc des Fours à Cologny se transformera en un petit jardin précieux en quelque sorte, dans lequel 24 sculptures ont été placées.

Le 18 septembre à 11h s’inaugurera une nouvelle exposition de l’Association des Sculpteurs de Genève (ASdG) au Parc des Fours à Cologny sur l’initiative enthousiaste du maire Monsieur Pascal Hornung qui vient d’ouvrir aux habitants de sa commune une jolie promenade pédestre dans ce parc qui relie plusieurs chemins entre eux.

L’association des sculpteurs a été créée par Alexandre Meylan, Dominique Bovy, Albert Rouiller et François Baud alors qu’ils restauraient ensemble le Grand Théâtre de Genève ainsi que le Mur des Réformateurs au Parc des Bastions dans les années soixante. L’association expose régulièrement ses membres dans des lieux publics genevois, "...perpétuant ainsi la tradition de ce lien amical et solidaire qui relie les sculpteurs entre eux." Bureau de l’ASdG.

Ce sont donc les œuvres de vingt-trois artistes membres de l’ASdG que l’on peut admirer à l’occasion d’une promenade en plein air au Parc des Fours. Certaines sculptures ont déjà été exposées, certaines le sont pour la première fois, d’autres encore ont été réalisées pour l’évènement en fonction du lieu, comme l’œuvre Anges de Sando Hideki. En effet, l’artiste puise ici son inspiration lors d’une balade dans le parc des Fours où des figures, des couleurs, lui apparaissent successivement. 

"… l’image de mon travail m’est venue dans l’espoir que l’avenir se transformerait en un parc amusant et lumineux où les enfants et les familles se promèneraient ensemble." Sando Hideki

Sando Hideki propose ainsi deux personnages dans deux tubes de 2,5 mètres de haut à l’entrée de la maison du magnifique parc. 

Anges, Sando Hideki, @  Eric Meylan

Les thématiques de l’exposition sont principalement axées vers l’avenir avec plusieurs questionnements d’ordre sociétal comme l’évolution de notre monde décrite par Henri Bertrand à travers Sève sa sculpture. Ici, l’artiste s’interroge sur l’équilibre naturel en opposition avec nos sociétés instables, sur le devenir de cette coexistence. 

Sève, Henri Bertrand, @  Eric Meylan

Isabelle Battolla quant à elle, s’exprime avec son Déjeuner sur l’herbe, sur l’écologie. La sculpture est en céramique, elle est constituée des empreintes d’emballages alimentaires en plastique posée sur une table basse, le tout forme un tableau qu’on admire de haut. Dans le prolongement de cette idée, sous un angle plus organique, il y a l’œuvre de Isabelle Cassani et Mireille Rigotti, Mémoire diffractée, des plaques de calcaires apparaissent comme flottantes sur l’herbe.

Déjeuner sur l'herbe, Isabella Battola, @  Eric Meylan

Mémoire diffractée, Isabelle Cassani et Mireille Rigotti, @  Eric Meylan

Avec Hercule Poirot, Christine Demière dépeint une faune qui afin de se préserver est obligée de se cacher. Le visiteur pourra à loisir, chercher les renards en béton cachés dans le parc. Xavier Dussoix s’interroge sur le patrimoine, sur sa protection. Ghost est une sculpture de 2,5 mètres en miroir –

« l’idée est de matérialiser l’apparence d’un fantôme réputé invisible à l’œil nu. » Xavier Dussoix 

Chantal Carrel propose une œuvre en résine - une feuille comme sortie de son moule. 

Hercule Poirot, Christine Demière, @  Eric Meylan

Ghost, Xavier Dussoix, @  Eric Meylan

Chantal Carrel, @ Eric Meylan

Elisheva Engel en appelle à la sérénité avec son œuvre La Sérénité qui ressemble à une cage d’oiseau rouillée dont la nature aurait pris le dessus. 

La Sérénité, Elisheva Engel, @  Eric Meylan

Trois Races Trois Grâces, Agnieszka Gorla-Bajszczak présente un engagement féministe –

« Trois Races Trois Grâces ou L’amour du corps et non de l’esprit : La femme, objet de consommation, Les hommes en font leur fantasme, Réduite à ses fesses et ses seins, Quelle que soit sa race ! Pour le plaisir, pièces à saisir, De trois grâces, issues des trois races, Pour tous les goûts et désirs ! Le cerveau ? En a-t-elle un ? Qui s’en soucie ! Son cerveau, sous la surface, On se le cache, on l’oublie. » Agnieszka Gorla-Bajszczak

Trois Races Trois Grâces, Agnieszka Gorla-Bajszczak, @  Eric Meylan

La sculpture en bronze patinée de Lukas Grogg, L’Avenir  représente une femme nue prête à courir, son regard dirigé vers l’avenir semble fuir un certain présent. En bronze toujours, une femme à l'image féline grandeur nature de Marc Fornasari​ s’impose comme la gardienne du parc. 

L'Avenir, Lukas Grogg, @  Eric Meylan

Marc Fornasari, @  Eric Meylan

On retrouve une femme encore avec une approche cette fois quasi mythologique : un ours est enlacé par une femme, la sculpture faite de bronze s’intitule Lune de Miel et a été réalisée par Miranda.

Lune de miel, Miranda, @  Eric Meylan

L’œuvre en marbre de Ngamanya Banda, Sage femme, dépossède la femme de ses attributs sexuels en lui donnant un visage aux formes particulières.

Ngamanya Banda, @  Eric Meylan

Enfin, Denise Tschumi incite avec une pointe d’ironie à passer l’éponge - sa sculpture Passons l’éponge, est constituée de treillis de chantier et d’éponges industrielles. 

Passons l'éponge, Denise Tschumi, @  Eric Meylan

Il y a également la sculpture en béton en forme de triangle géant de Noelle Baker, Vol de nuit. Celle de Annick Berclaz, comme un oeuf géant en céramique blanche ponctuée de figures imaginaires peintes en noir.

Vol de nuit, Noelle Baker, @  Eric Meylan

Annick Berclaz, @  Eric Meylan

Monique Wuarin, elle, réalise une œuvre posée sur un socle en béton faite en céramique, un grès chamotté au titre surprenant Shamanakar VII.

Shamanakar VII, Monique Wuarin, @  Eric Meylan

Il y a le délicat mobile de Titane Lacroix, A vol d’oiseaux

A vol d'oiseaux, Titane Lacroix, @  Eric Meylan

Avec Cocagne ou l’arbre à peluches de Claude Ninghetto, quelque chose d’aérien encore, de poétique – les câlins devenus impossibles.

Cocagne, Claude Ninghetto, @  Eric Meylan

L’idée d’une certaine délicatesse, de quelque chose de suspendu se perpétue dans le parc, avec la sculpture de Antonio Ghezzi, elle est réalisée de métal, de fer et de poids. 

Antonio Ghezzi, @  Eric Meylan

L’œuvre de Jean Zund, Superposition, est quant à elle faite de pierre, celle de Luc Tiercy de Marbres de Thassos. Alain Schaller s’impose lui aussi avec une importante sculpture en métal haute de trois 3 mètres 50, Pleine Lune.

Superposition, Jean Zund, @  Eric Meylan

Luc Tiercy, @  Eric Meylan

Pleine lune, Alain Schaller, @ Eric Meylan

Durant presque deux mois le parc des Fours se transformera en un petit jardin précieux en quelque sorte, dans lequel une chasse aux trésors est organisée. Certaines œuvres trônent dans le parc tandis que d’autres se font plus discrètes, le visiteur aura le plaisir d’aller à la rencontre de chacune d’entre elles dans un cadre verdoyant et en plein air. 

 

Artistes exposants membres de l’Association des sculpteurs de Genève /ASdG

Noelle Baker, Isabelle Battolla, Annick Berclaz, Henri Bertrand, Chantal Carrel, Isabelle Cassani - Mireille Rigotti, Christine Demière, Xavier Dussoix, Elisheva Engel, Marc Fornasari, Antonio Ghezzi, Agnieszka Gorla-Bajszczak, Lukas Grogg, Sandro Hideki, Titane Lacroix, Miranda, Ngamanya Banda, Claude Ninghetto, Alain Schaller, Luc Tiercy, Denise Tschumi, Monique Wuarin, Jean Zund.

Entrée libre  /  Horaires été : 7h – 22h  /  Horaires automne : 7h – 16h30

Sur demande, des visites guidées peuvent être organisées pour des groupes.

Contact: www.asdg.ch – http://www.cologny.ch/agenda/sculptures-dans-le-parc