Salvator Mundi

par Nafsika Guerry
8 avril 2019

Un tableau qui déstabilise le marché de l’art

Alors que le Christ bénissant le monde était attendu au Musée du Louvre de Abu Dabi en 2018, alors que l’œuvre est attendue au musée du Louvre de Paris prochainement, pour les 500 ans de la mort de Vinci,  personne n’en a vu la couleur. L’exposition du Golfe a été annulée. Sa venue à Paris se résume à un bruit de cour. Pis encore, le tableau disparaît, personne ne sait où se trouve cette œuvre majeure de l’histoire de l’art.  Majeure par ce qui y figure, un visage connu de tous, majeure par le geste puisqu’il est représenté par la main d’un génie de la peinture.

   ©Christie's Leonardo da Vinci (1452-1519), Salvator Mundi, painted circa 1500. 25⅞ x 18 in (65.7 x 45.7 cm). Sold for $450,312,500 in the Post-War & Contemporary Art Evening Sale on 15 November 2017 at Christie’s in New York

Le Salvator Mundi (le « Sauveur du monde », en latin) est une peinture à l'huile sur bois de noyer, sur le thème du Christ rédempteur, réalisée probablement vers 1500 pour le roi de France Louis XII et son épouse la reine Anne de Bretagne. 

Jésus-Christ donne de la main droite la bénédiction et tient dans la main gauche une sphère de cristal transparente, variante de l'orbe, qui se laisse traverser par la lumière. Le Christ porte un vêtement bleu finement brodé avec des garnitures en brocart d'or, et il a de longs cheveux bouclés. L'orbe et les deux bandes croisées ornées de motifs géométriques répétitifs, sur sa poitrine, sont des attributs caractéristiques des empereurs. L'arrière-plan est neutre.

Beaucoup de questions persistent quant à l’œuvre. 

Où est-elle ?

Plusieurs personnalités du monde l’art s’interrogent sur la question, Diane Modestini, restauratrice, explique au New York Times que sa dissimulation est une injustice, car les amateurs sont privés d’un tel chef-d’œuvre.  

Est-ce réellement le prince saoudien lui-même qui est détenteur du tableau ? 

En effet, peu d’informations ont été divulguées quant à l’acquisiteur du Salvator Mundi.

Un enchérisseur du Golfe, nous dira-t-on. Pourquoi tant de mystères ?

Pourquoi ne l’avons-nous plus vu depuis son rachat ? 

La toile a été adjugée le 15 novembre 2017 chez Christie’s à New York, 450 millions de dollars. Le tableau devient alors le tableau le plus cher au monde. Il évince largement Nafea faa ipoipo de Gauguin, adjugée alors 300 millions de dollars.

Depuis l’œuvre était attendue à Abu Dabi. L’œuvre n’est pas. Elle est attendue en octobre prochain à Paris. Le directeur du musée le plus fréquenté au monde ne sait pas lui-même si l’œuvre sera.

Est-elle véritablement l’œuvre de Leonard de Vinci ?

On questionne son authenticité, en effet, les couches multiples de peinture, son trait plus épais que le trait « habituel » du peintre italien laisse planer le doute. L'expert britannique Matthew Landrus maintient que l’œuvre serait de son élève, un certain Bernardino Luini.

Autant de noirceur que de mystère… puisque le tableau fait l’objet d’une action en justice mêlant le genevois Yves Bouvier et l’un de ses clients et, par ricochet les maisons de vente aux enchères.

Mystère qui, révélé, pourrait sans doute en faire tomber plus d’un … Les excès du marché de l’art ont peut-être une limite : 450 millions de dollars ? 

Histoire à suivre …