Vanna Karamaounas

Vanna Karamaounas

par L'Art à Genève
3 octobre 2019

L'artiste gréco-suisse Vanna Karamaounas fait l'ouverture de la Galerie Bucherer à Genève avec ses Paysages Urbains.

En 1919, Carl Friedriech Bucherer ouvre sa première boutique de montres et de joaillerie à Lucerne. Cent ans plus tard, la très prestigieuse Maison Bucherer inaugure au quatrième étage de sa boutique genevoise une galerie d’art. Gil Cleary, curateur, a été mandaté pour organiser l'exposition de Vanna Karamaounas.

Bucherer Gallery

L’exposition d’ouverture met en avant les oeuvres de l’artiste gréco-suisse Vanna Karamaounas. Son travail propose ici une série de tableaux photographiques abstraits. On y décèle une certaine brutalité magnifiée. A partir de structures industrielles elle révèle une poésie d’ordre pictural. De tiges métalliques sur un chantier, elle compose un bouquet, de quelques tôles emballées dans du plastique elle renvoie à l’anatomie. C’est à la seule force de son objectif que l’image est rendue telle qu’elle est montrée, il n’y a aucune mise en scène, aucun aménagement de l’espace cadré au préalable. L’artiste opère une transfiguration du banal et le sublime. Elle invente son propre langage.

ANATOMIE n°II, 2003 125 x 185 cm, C-print

La photographe plasticienne est mue par la création de l’homme, par ce que celui-ci est capable de construire de ses propres mains. L’homme est un bâtisseur. A l’heure où tout est informatisé, où l’humanité est menacée, Vanna Karamaounas revient au commencement, à quelque chose de quasi primaire.

La subtilité de la prise de vue, la finesse du cadre, la délicatesse des couleurs relèvent d’une esthétique certaine. On vient admirer ici quelque chose de l’ordre du précieux, de l’indicible, une chose ancrée depuis l’origine de l’humanité perpétuée mais trop souvent oubliée aujourd’hui : l’expression corporelle. C’est finalement le corps de l’homme qui est mis en avant. Les images photographiées dans des usines ou sur des chantiers montrent le prolongement de la main, qui représente également l’expression mais aussi les sentiments dont l’homme est emprunt. 

On reconnaît deux typologies du paysage chez l’artiste, les paysages urbains – résultat de la construction par l’homme – ainsi que les paysages socio-politiques – matérialisation psychologique de l’homme. Les deux thématiques sont fortes de leur engagement, elles traitent autant des créations de l’homme que de l'accomplissement de ses multiples vies. 

Les images de matelas, la série Exo Mattresses, photographiées pendant plusieurs années dans différents pays et exposées chez Andata Ritorno  il y a deux ans traduisent, elles, un cheminement intérieur. Le matelas, ce nouveau territoire, cet objet intime et identitaire est la trace et l’histoire de celui qui l’occupe. En s’attribuant son propre espace dans ses déplacements il devient son territoire personnel avec sa propre frontière.

Exo Mattresses, 150x200cm, C-print

La construction est une mémoire, elle seule témoigne de notre existence. C’est non seulement une mise en abîme que Vanna Karamaounas propose car elle laisse elle-même une empreinte de l’empreinte, mais c’est surtout un hommage à l’humanité, un espoir et une foi en ce que l’homme est capable de construire. Les traces : par son absence, l'homme est présent sur chacune des icônes de l'artiste. 

L’homme et sa capacité à construire et se reconstruire, les enjeux socio-économiques contemporains ainsi que son histoire familiale marquée par l’exode lors de la Catastrophe de Smyrne en 1922 constituent des bases de réflexion fondatrice de l’œuvre de Vanna Karamaounas aka Iseult Labote.

Bucherer Gallery

Vanna Karamaounas aka Iseult Labote

Gréco-suisse, née à Genève d'une mère lucernoise et d'un père grec. Elle vit et travaille à Genève et à Berlin 

De 1999 à 2018 elle expose sous le nom d’artiste Iseult Labote. En 2018, elle signe sous son nom de naissance, Vanna Karamaounas. 

Elle étudie l’histoire de l’art et les sciences politiques à l’Université de Genève entre 1979 et 1984.

http://www.iseultlabote.com

Pratique :

Vanna Karamaounas – Bucherer Gallery

Jusqu’au 6 mars 2020

Lu-ma 10h-19h sa 10h-18h

45 rue du Rhône - 4ème étage

1204 Genève

 

*aka : also known as