Raqib SHAW

Raqib Shaw: “Reflections Upon the Looking-Glass River” – PACE

Emilie Bottini
7 juillet 2021

Raqib Shaw: “Reflections Upon the Looking-Glass River” réunit les dernières œuvres de l’artiste indien, né à Calcutta en 1974, toutes réalisées pendant le confinement. Ces peintures abordent les thèmes les plus actuels de la vie contemporaine : la beauté, la bonté, la cruauté, la solitude, le contentement, la perte. ​

Né à Calcutta en 1974, Raqib Shaw vient d’une famille de commerçants. Tapisseries, châles, bijoux précieux ont baigné et influencé son enfance. En 1998 il quitte le Cachemire pour Londres afin d’étudier l’art. Diplômé du prestigieux Saint Martins College of Art and Design, son processus créatif et ses réalisations sont très rapidement repérés par des musées. Pendant cette période d’études, un patchwork de références culturelles commence à se cristalliser dans les peintures très détaillées des mondes fantaisistes de l’artiste. Ses œuvres sont souvent développées en séries à partir de sources littéraires, historiques et mythiques, avec des références et un symbolisme spécifiques dans les images et les titres. Raqib Shaw réalise également des sculptures en bronze peintes, représentant des personnages hybrides entre l’homme et l’animal. Ces œuvres d’un autre monde transposent les visions fantasmagoriques de Raqib Shaw dans la réalité tridimensionnelle.

“Reflections Upon the Looking-Glass River” présente une série d'œuvres réalisées pendant le confinement de 2020. Il s’agit d’une exposition inhabituellement spontanée, contrairement aux mises en place précédentes de l’artiste, toujours prévues de nombreuses années à l’avance.

L’artiste, désormais établi dans le sud Londres dans un cocon personnel, une maison-atelier entourée d’un parc privatif très arboré, dans lequel il vit pratiquement en autarcie entouré de ses végétaux, se trouve confronté à l’isolement du confinement. Il trouve ainsi de se consacrer à ses passions. Inspiré par le paysage du Cachemire, Raqib Shaw a construit son espace à la main, à partir de plus de 70 tonnes de roches et de terre, avec une profusion de fleurs, d’arbustes et d’arbres miniatures, lui servant à la fois d’oasis de tranquillité loin de la ville animée, ainsi que de décor pour ses peintures fastueuses.

Le lockdown exacerbant tous les sentiments de l’artiste, les œuvres sont très émotionnelles, pleines d’ambivalence. Au cœur du langage visuel distinctif de Raqib Shaw se trouve alors cette tension entre l’évasion et l’enfermement, la nostalgie et l’exil. La pandémie mondiale a mis cette tension en exergue. Le visiteur devine ainsi que l’artiste a rencontré un amour tragique pendant le lockdownet a traversé un véritable rollercoaster de sentiments pendant cette période, les œuvres exposées représentant ses ressentis, telles les pages d’un journal intime. 

Au fil du parcours, le visiteur découvre des tableaux-objets psychédéliques et poétiques, créés avec un mélange de techniques uniques. Raqib Shaw a ainsi favorisé le papier comme support, à part pour trois œuvres réalisées sur bois. L’artiste combine ainsi ses compositions iconiques de liner acrylique, d’Hammerite et d’émail, avec un mélange contrastant d’aquarelle. Shaw peint d’ailleurs ses émaux avec une symbolique épine de porc épic. L’interaction entre la peinture lisse, brillante et l’aquarelle délicate renforce l’effet sculptural de la première, conférant à ses peintures une consistance nouvelle.

Autre fait spécifique de cette série de travaux, l’artiste se met en scène lui-même dans pratiquement toutes les œuvres exposées. On le retrouve ainsi souvent assis, lisant un livre dans son jardin, ou contemplant la ville, au fil des quatre saisons. Parfois perdu dans les réflexions d’un plan d’eau ou dans une situation plus tragique, prostré le bras sanguinolent face à un cerisier en fleurs. Vêtu de façon contemporaine ou en habits plus traditionnels, le visiteur remarque que l’artiste aime à se représenter avec un gant, entouré de son chien adoré, parfois d’un lapin blanc représentant la liberté et la spontanéité et d’un scorpion, cristallisant le désir et la passion.

De la même façon, une Londres totalement vide et déserte apparaît avec récurrence en toile de fond, le monde extérieur et réel étant ainsi représenté, le plus souvent en aquarelle. 

 

Pace est une galerie d’art contemporain majeure qui représente un grand nombre d’artistes internationaux parmi les plus importants des XXème et XXIème siècles. La galerie bénéficie d’un héritage américain unique qui s’étend de la côte Est à la côte Ouest grâce au soutien apporté dès le début aux artistes qui ont joué un rôle central dans les mouvements Expressionniste Abstrait et Light and Space.

Depuis sa fondation par Arne Glimcher en 1960, Pace a marqué l’histoire en présentant des expositions historiques et contemporaines de renom. Sous la direction actuelle de son président et directeur général, Marc Glimcher, Pace continue de soutenir ses artistes et de partager leur travail visionnaire sur la scène internationale en demeurant à la hauteur de ses ambitions. Aujourd’hui dans sa septième décennie, la galerie poursuit sa mission grâce à un solide programme mondial comprenant des expositions, des projets d’artistes, des installations publiques, des collaborations institutionnelles, des performances et des projets pluridisciplinaires. Aujourd’hui, Pace compte neuf galeries dans le monde, dont Londres, Genève, ainsi qu’une importante implantation à Palo Alto et deux galeries à New York. Pace a été l’une des premières galeries internationales à établir des galeries en Asie où elle dispose d’espaces permanents à Hong Kong et à Séoul. À l’automne 2021, Pace continuera d’étendre sa présence européenne avec l’ouverture d’une galerie encore plus spacieuse à Londres.

Réputé pour ses peintures ornementales et élaborées, le travail de Raqib Shaw est une fusion de fantaisie, de mythologie, de réalisme et d’histoire personnelle avec des références directes à la peinture miniature indienne et à l’histoire de l’art occidental. Un monde psychédélique, poétique, décalé et totalement touchant à découvrir absolument.

 

Pratique :

Raqib Shaw “Reflections Upon the Looking-Glass River” – du 8 juin au 7 août 2021

https://www.artageneve.com/lieu/galeries/pace