Barbara Polla © Roger Moukarzel

Barbara Polla

by L'Art à Genève
13 novembre 2018

Ecrivain, galeriste, commissaire d’expositions

Votre rôle dans le monde artistique ?

Je ne crois pas jouer de rôle dans « le monde artistique ». Pour les artistes avec qui je travaille, je suis un interlocuteur, parfois un « interrupteur », j’interroge, je dialogue, entre admiration et indiscrétion, j’écris sur leur travail, je les aime… et je sers de médiateur entre leur travail et « le monde », de toutes les manières qui me sont possibles : expositions, foires, présences muséales, conférences, événements, projections, textes, livres, rencontres.

Quel a été le déclic ?

Le désir. Le désir de l’art, de la création, d’une approche du corps et de l’âme complémentaire à celle que je pratiquais au quotidien en médecine et en recherche : une approche poétique.

Aujourd’hui quelle est votre motivation ?

Les rencontres avec les artistes sont une constante rencontre de l’autre, un constant défi à toutes certitudes, un apprentissage sans fin.

Votre rapport au marché de l’art ?

Je n’ai pas vraiment de rapport au marché de l’art. Je vends les œuvres des artistes que j’expose à des collectionneurs, qui sont fondamentalement des ami.e.s de la galerie, avec lesquel.le.s nous partageons une passion pour ce que je montre, que j’explore et qui estiment mon travail et mes engagements. Je travaille aussi bien avec des artistes qui n’ont pas (encore) de cote commerciale comme Julien Serve par exemple, ou des artistes très connus et reconnus comme Mounir Fatmi, mais globalement les artistes avec qui je travaille ont souvent plus de reconnaissance académique et institutionnelle que commerciale. Ce sont mes choix, et j’en assume entièrement les conséquences économiques, même si bien sûr il faut vendre, pour vivre, pour poursuivre le travail Forever – et pour les artistes !

Le courant artistique que vous préférez ?

La création en train de se faire, le courant qui vient, que je ne discerne pas encore vraiment…

La qualité que vous préférez chez un artiste ?

L’authenticité, la nécessité de créer.

Ce que vous redoutez le plus chez un artiste ?

Qu’il ou elle se laisse prendre par d’autres motivations que sa nécessité intérieure. Qu’il ou elle oublie de se remettre constamment en question.

Quel est le rôle d’un musée d’art contemporain ?

Il y a autant de rôles qu’il y a de musées et de directeurs / directrices de musée d’art contemporain… et c’est bien ainsi ! Le rôle fondamental est probablement de montrer, de promouvoir et de donner accès à toutes les diversités imaginables et inimaginables.

L’œuvre d’art est-elle un objet sacré ?

L’œuvre d’art n’est pas exactement un objet… et je ne comprends pas pourquoi un « objet » serait « sacré » ?

Quelle est pour vous la ville la plus artistique ?

Les villes que j’aime le plus sont Paris et Athènes. Mais ce n’est pas parce qu’elles sont les plus artistiques. C’est pour la densité des fantômes qui les habitent – ce qui est peut-être une manière de dire que ce sont des villes artistiques…

Que seriez-vous sans l’Art ?

L’art fait partie du monde, je fais partie du monde. Notre monde n’est pas sans l’art, il est avec.