Sabine Jeanson chez TCarmine

Cerise Dumont
16 octobre 2025

La galerie TCarmine présente Anges & Démons, un solo show de l’artiste genevoise Sabine Jeanson. L’occasion de s’immerger dans son univers poétique et onirique, à travers des œuvres anciennes et des créations inédites.

Sabine Jeanson (1948) investit l’espace de la galerie TCarmine pour ouvrir une porte sur son monde. Dans l’exposition Anges & Démons, la Française – Genevoise d’adoption depuis près de 50 ans – dévoile les figures mystérieuses qui peuplent son imaginaire. 

« Un ange est l’absence du réel, il ne se matérialise pas, il est à côté ».
C’est en ces termes que la plasticienne évoque ces créatures irréelles et immatérielles que sont les anges. Pourtant, c’est par la matière qu’elle les aborde et choisit de les représenter. Loin de créer de simples compositions en deux dimensions, l’artiste joue avec la physicalité de ses images, en travaillant par superpositions. Les strates se révèlent dans les transparences ou par l’arrachement de fragments de photographies qui se mêlent au travail graphique de la main.

Artiste plurielle, Sabine Jeanson ne se limite en effet pas à un unique médium. La liste des techniques qu’elle déploie dans ses œuvres donne le tournis : collages numériques, support collages sur papier fort, verdure sur papier fort, polaroids retravaillés sur papier ancien, argentiques n&b, peintures acryliques, dessins au crayon noir, photographies Cibachromes dont certains retravaillés au crayon... 

À ces collages est venue s’ajouter, pour la première fois, une installation vidéo. Un écran muni d’écouteurs permet de découvrir un film d’environ 9 minutes et d’entendre la voix de l’artiste, ses mots, sa poésie, juxtaposées à ses images. Une dimension importante de son travail est ainsi dévoilée : bien que le visuel domine toujours son processus créatif, Sabine Jeanson travaille également énormément avec l’écriture. Dans ses œuvres graphiques cependant, le texte disparaît, il est présent comme en transparence et irradie les compositions sans être visible. La vidéo présentée dans les murs de TCarmine le remet en lumière et le dévoile d’une manière inédite.

Lors de la visite, une mélancolie douce se dégage des œuvres de l’artiste, mais leur beauté n’est pas exempte d’une certaine ambiguïté. D’emblée, les couleurs douces de sa palette – roses tendres et bleus subtils – conjuguées aux traits délicats des statues frappent le regard. Mais plus on les regarde et plus leur noirceur émerge : les nuances sombres et l’aspect brut de la matière se révèlent. Le papier parfois laissé nu, les bords déchirés des photos et la nervosité des coups de crayon ou de pinceau teintent les compositions d’une sourde violence. 

Les visages d’anges déformés, défigurés, semblent peu à peu transformés en monstres. Ils portent en eux leurs propres démons, en écho à ceux des personnes qui les contemplent. En nous tendant un miroir trouble, qui vient refléter ce que l’on ne voit pas, l’artiste nous confronte à nous-même. C’est peut-être là que réside la puissance du travail de Sabine Jeanson, qui, funambule, parvient à ne jamais basculer totalement d’un côté ou de l’autre.

Pratique : du 16 octobre au 13 novembre 2025

https://www.artageneve.com/lieu/galeries/tcarmine-fine-art

Finissage le 13 novembre 2025