One, Two… Street Art !

par Emilie Bottini
9 novembre 2020

Le top de l’art urbain à l’espace Quartier Libre SIG, situé dans le bâtiment du pont de la Machine. Banksy, Keith Haring, Futura 2000, L'Atlas, Taki, Maxime Drouet, Half Baby Shark, El Seed entre autres graffeurs.

Aujourd’hui reconsidéré et valorisé comme tel, le street art est un mouvement artistique en plein essor. Répondant aux engagements de SIG pour la valorisation du patrimoine, de la culture et de l'environnement, l’espace Quartier Libre SIG présente ce mouvement pour la première fois à Genève, de manière ludique et accessible, dans une exposition organisée en collaboration avec Little Beaux-Arts et le Musée en Herbe.

L’exposition One, Two… Street Art ! se tient à l’espace Quartier Libre SIG, dans un ancien bâtiment industriel aujourd’hui complètement transformé. Figure emblématique de notre ville, le bâtiment du pont de la Machine est un témoin des débuts de l’industrialisation genevoise et constitue le plus ancien des ouvrages genevois sur le Rhône en milieu urbain. Il a, en effet longtemps régulé le niveau du fleuve, avant que l’usine du Seujet ne prenne le relais.

Quartier Libre SIG est aujourd’hui un espace de médiation culturelle et pédagogique, trait d'union entre les SIG, les institutions genevoises et les Genevois, promouvant l'esprit d'ouverture ainsi que la vision sociétale responsable de l'entreprise.

Le Street art est un mouvement artistique récent, né il y a environ 50 ans dans les rues de Philadelphie. Alors, les premiers writers apposent leurs signatures sur les murs, créant une nouvelle forme d’expression culturelle qui se propage dans l’espace public. 

On découvre ainsi des graffitis sur les wagons, métros, murs en béton, au travers de toute la ville, qui devient ainsi un terrain de jeu et d’expérimentation, un musée de plein air gratuit et ouvert à tous. Ces pratiques sont le plus souvent interdites par la loi mais participent à la naissance d’une culture, avec son vocabulaire, ses codes et ses artistes. 

Longtemps décrié, le Street Art est aujourd’hui prisé des grands musées, des galeries et des collectionneurs privés

Rendant hommage à ce mouvement, Quartier Libre SIG a fait appel à deux associations françaises spécialisées dans le jeune public, Little Beaux-Arts et le Musée en Herbe pour organiser cette exposition. Le choix artistique intègre quelques artistes suisses aux côtés des grands noms internationaux de l’art urbain comme Banksy ou L’Atlas. Les œuvres présentées sont issues de collections privées / publiques ou d’artistes, qui ont parfois réalisé les œuvres exposées directement sur place.

La mise en place, très immersive, prévoit un chemin en cinq thèmes, intégrant différentes manipulations ludiques à travers lesquelles les visiteurs peuvent, le temps de quelques minutes, entrer dans la peau d’un graffeur. Chacun laissant libre court à son imagination, j’ai ainsi pu m’amuser à graffer « L’Art à Genève » à la craie sur un mur en tableau noir et à laisser mon empreinte sur un grand écran de spray virtuel pouvant être tagué à l’infini.

Je commence ainsi mon immersion dans la section rappelant l’essor du mouvement dans les Etats-Unis des années 60-80 au travers d’œuvres centrées sur l’écriture et l’apposition du blaze des artistes sur divers supports.

Suivant un développement temporel, je passe ensuite à la partie de l’exposition dédiée à l’Art Vandale, et découvre Doors of Dublin, par Maxime Drouet, 2020, œuvre contemporaine puisant son inspiration dans l’univers des métros tagués à l’époque. 

« L’art dans la ville », ma partie préférée de l’exposition tant pour la sélection d’œuvres présentées que pour la mise en scène, donne au visiteur quelques aperçus de comment les artistes street art étalent leurs créations sur les murs, boîtes aux lettres et panneaux de signalisation, dans une démarche poétique, ludique et esthétique et parfois engagée, contestant ou questionnant leur environnement politique, par exemple.

Doors of Dublin, Maxime Drouet, 2020 & Pinocchio, Clet, 2014.

Chaque artiste graffeur développant sa propre technique, nombre d’entre eux délaissent la bombe aérosol, outil d’origine du mouvement, pour tester et créer avec des outils de travail variés. L’antépénultième section de l’exposition présente des œuvres réalisées avec des mediums variés, tels que pochoir, collage, papier, stickers, mosaïque, photographie ou encore matériaux de récupération, comme le montre Half Baby Shark, Bordalo II, réalisé en 2018.

« Art sans frontières » clos l’exposition, rendant le visiteur attentif au fait que le street art n’est pas l’apanage de l’occident, mais se développe aujourd’hui tout autour du globe, comme le dénotent des projets comme le « Calligraffiti » d’El Seed dans le désert d’Al Ula, en Arabie Saoudite.

Half Baby Shark, Bordalo II, 2018 ; Thalassa, Swoon, 2012 (?) ; Sans titre, Monkeybird, 2016.

Avant de quitter l’espace Quartier Libre, je m’attarde encore un instant sur une collection colorée de 15 skateboards réalisés par divers artistes et suspendus au plafond de la salle.

Je note avec amusement comment des objets du quotidien, de la rue, souvent tout simples et dans lesquels nous pouvons nous identifier, peuvent devenir, à travers les yeux et le travail d’un artiste, un être humain « comme moi » finalement, des objets d’Art, de discussion, de partage, de transmission et de culture.

N’hésitez dès lors pas à vous plonger dans l’univers du street art quelques instants, grâce à l’exposition de Quartier Libre et à continuer votre expérience hors de ces murs, dans notre paysage urbain justement, car dix artistes suisses romands et français ont pour l’occasion réalisé des œuvres sur des coffrets électriques de la ville à proximité de Quartier Libre.

Pratique

One, Two… Street Art !

https://www.artageneve.com/lieu/galeries/quartier-libre-sig

Du 10 septembre 2020 au 14 mars 2021 

Entrée libre.