GENÈVE ET LA GRÈCE - Une amitié au service de l'indépendance

par Emilie Bottini
18 novembre 2021

À l’occasion du bicentenaire de la déclaration d’indépendance de la Grèce, la Fondation Hardt et le Musée d’Art et d’Histoire reviennent avec cette exposition sur les relations d’amitié unissant la Grèce et Genève depuis le début du XIXe siècle. Alors, deux Genevois, Charles Pictet de Rochemont et Jean-Gabriel Eynard et, un Grec, Jean Capodistrias, jouèrent un rôle clé pour l’intégration de Genève à la Confédération helvétique et s’employèrent à la création Grèce contemporaine. Retour sur l’Histoire.

A l’approche des 200 ans de la déclaration d'indépendance grecque, le directeur de la Fondation Hardt, Pierre Ducrey, souhaite célébrer cette commémoration à Genève. Il persuade ainsi les membres du Conseil de la Fondation de proposer une exposition au Musée d'art et d'histoire, convaincant ensuite également la Direction de l’Institution genevoise. Sous le commissariat de Mme Béatrice Blandin, conservatrice des Antiquités au MAH, épaulée par Ferdinand Pajor, co-commissaire, et deux collaboratrices extérieures au MAH, le projet d’exposition voit le jour.

GENÈVE ET LA GRÈCE - Une amitié au service de l'indépendance, sise en salle 15 au deuxième étage du Musée, réunit 129 œuvres, provenant des collections du MAH, de prêts grecs ou de collectionneurs privés Suisses. Elle propose au visiteur un retour sur l’Histoire articulé en trois parties distinctes. 

La première partie, Capodistrias, Genève et la Suisse, présente le rôle essentiel que Jean Capodistrias, diplomate au service du Tsar Alexandre 1er, joue pour Genève et la Suisse lors des Congrès qui redessinent l’Europe après la chute de Napoléon. Après être parvenu à concilier les cantons désunis et à faire admettre Neuchâtel, le Valais et Genève dans la Confédération, Capodistrias aide à la signature d’un Pacte fédéral, en 1814, qui pose les fondations de la Suisse actuelle. Capodistrias rencontre Pictet de Rochemont, qui défend alors les intérêts de Genève aux Congrès. Ils œuvrent ensemble pour rattacher Genève à la Suisse et s’attèlent à la signature de l’acte de garantie de la neutralité perpétuelle de notre pays. En 1816, comme remerciement, le Conseil d’État de Genève octroie la citoyenneté à Capodistrias. Son décret de naturalisation est offert dans une tabatière en or ornée d’un panorama sur le Léman, que le visiteur découvre avec d’autres documents d’époque.

Moulinié, Bautte & Moynier - Tabatière, avec vue panoramique sur le Léman, offerte à Jean Capodistrias par le Conseil d’État, 1816 Or, gravure, motifs floraux et guillochés - H. 3, l. 14, P. 7,5 cm Inv. MK 307 © Musée de Capodistrias – Centre d’études capodistriennes, photo : T. Kimpari

La deuxième partie de l’exposition montre au visiteur comment des philhellènes genevois, et notamment de Jean-Gabriel Eynard, soutiennent les Grecs durant le conflit qui les oppose alors à l’Empire ottoman (1821-1830). Nous apprenons ainsi que de très nombreux comités se créent, récoltant des fonds notamment l’aide de souscriptions hebdomadaires pour élever de jeunes Grecs à Genève, aider les réfugiés de passage, envoyer de la nourriture et de l’aide matérielle aux insurgés ou racheter des esclaves grecs. Eynard mobilise si bien son vaste réseau qu’il devient le grand argentier et le coordinateur des Comités philhellènes européens ! De nombreuses personnalités se rendent en Grèce, alors qu’artistes, écrivains, musiciens, produisent des œuvres inspirées par ce conflit. Une production industrielle à thèmes philhellènes témoigne de la résonnance qu’a le conflit jusque dans la vie quotidienne de la population genevoise.

Jeu de 30 cartes, sa boîte et ses règles Les Grecs et les Turcs. Jeu-problème, 1821-1840 Provenant de la famille Grand d’Hauteville, Château d’Hauteville, Saint-Légier (VD) Papier coloré et doré, H. 7,5, l. 5 cm, Inv. 7050.0 © Musée Suisse du Jeu, La Tour-de-Peilz, photo : J. Demotz

La troisième partie, intitulée La naissance de l’État grec, évoque le défi de taille auquel fait face Capodistrias. Elu premier Président de la Grèce en mars 1827, il doit tout imaginer et concevoir pour ce nouvel Etat. Ainsi, une vitrine rapporte une tentative de premier système monétaire grec, avec sa monnaie, le Phénix. La suite du parcours rappelle le soutien indéfectible de Jean-Gabriel Eynard à la nation grecque, même après l’assassinat de son ami Capodistrias en 1831. Eynard cofonde ainsi la banque nationale de Grèce en 1842 avant d’être décoré par l’Etat Grec.

Vitrine retraçant la tentative de premier système monétaire grec, avec sa monnaie, le Phénix. Photo propre.

La toute fin de l’exposition rappelle au visiteur les liens d’amitiés qui unissaient la Grèce et la Suisse bien avant le XIXe siècle et qui persistent jusqu’à nos jours, à travers divers témoignages de reconnaissances et d’amitié.

Pourquoi la Fondation Hardt ? 

L'initiative de l'exposition « Genève et la Grèce. Une amitié au service de l'indépendance » revient à la Fondation Hardt pour l'étude de l’Antiquité classique, à Vandœuvres. La Fondation se situe au cœur de la tradition genevoise d'intérêt pour la civilisation de la Grèce ancienne et de Rome. Elle cultive en outre un contact étroit avec la Grèce contemporaine, grâce à ses liens avec l’École suisse d'archéologie en Grèce (ESAG). Rappelons que des archéologues suisses explorent les vestiges de l'ancienne Érétrie depuis maintenant 57 ans et que l'ESAG est la seule mission archéologique suisse permanente hors du territoire national. L'ancien Conseiller fédéral Pascal Couchepin préside la Fondation Hardt et la Fondation de l’École suisse d'archéologie en Grèce.

 

Pratique

GENÈVE ET LA GRÈCE - Une amitié au service de l'indépendance

15 octobre 2021 - 13 février 2022

De 11h à 18h du mardi au dimanche, de 12h à 21h le jeudi – Entrée libre

Musée d’art et d’histoire - Rue Charles-Galland 2, CH - 1206 Genève

https://www.artageneve.com/lieu/musees-fondations/mah-musee-dart-et-dhis...